Ce 9 janvier, Philippe Coy était l’invité de Patrick Roger lors de l’émission Le Grand Matin de Sud Radio. L’occasion de revenir sur les prix du tabac au 1er janvier (voir 31 décembre 2023 et 2 janvier 2024).
Patrick Roger : l’ancien ministre de la Santé avait annoncé que les prix du paquet de cigarettes allaient augmenter pour atteindre 12 euros en 2025. Or depuis ce 1er janvier, ce prix est déjà atteint … Pourquoi ?
Philippe Coy : effectivement, on retrouve des prix à 12,50 euros alors que le ministre de la Santé à l’époque avait annoncé l’objectif de 12 euros en 2025. En fait, chaque fabricant décide de ses prix et les mouvements marketing constatés ce 1er janvier correspondent à des hausses entre 50 centimes et 1 euro …Pour nous, buralistes, c’est insupportable et nous demandons d’urgence un moratoire sur les prix.
Si nous pouvons comprendre que la France dispose d’une politique de santé offensive, il faut comprendre aussi que les autres membres de l’Union européenne n’ont pas les mêmes politiques … Ce qui fait que nous avons actuellement un déséquilibre entre les prix du tabac au sein de l’Union. Ce moratoire est nécessaire pour rééquilibrer.
Patrick Roger : mais pourquoi de telles différences de prix en Europe ?
Philippe Coy : chaque Etat fixe sa fiscalité. Ce qui amène, par exemple, à des écarts allant de 5,50 euros en Espagne à 12,50 euros en France. Une politique de santé publique ne peut se limiter à la voie fiscale. Il faut aussi de la prévention et de l’éducation.
Et il faut renforcer les contrôles. Je salue ici le travail remarquable des Douanes avec 650 tonnes de tabac saisies en un an … Et il y a quelques jours, on a démantelé une usine clandestine dans la banlieue de Toulouse … Tout cela prouve bien que le prix n’est pas la solution en termes de santé publique. La réponse audacieuse à la question de la santé des Français c’est la prévention et l’éducation pas le matraquage fiscal.
Patrick Roger : … vous voulez dire que plutôt que de s’arrêter ou de passer au vapotage des fumeurs font appel au marché parallèle ?
Philippe Coy : … j’ai mon expérience de buraliste frontalier. J’ai toujours vu une partie de mes clients partir de l’autre côté de la frontière mais maintenant c’est sur l’ensemble du pays que l’on dispose d’un accès facile au tabac de contrebande et de contrefaçon. Il est donc nécessaire de renforcer les contrôles et il faut dire non à toute nouvelle hausse fiscale à l’avenir.
Ce moratoire est nécessaire, il est appelé de tous leurs vœux par les buralistes. Nous sommes des entrepreneurs responsables et nous voulons développer nos entreprises au service des territoires. Nous avons des offres alternatives au tabac, ce sont les produits du vapotage …
Patrick Roger : Où en est-on dans la vente de munitions de chasse par les buralistes ?
Philippe Coy : c’est une opportunité pour nous correspondant à une évolution réglementaire qui va se mettre en place. Avec un département pilote qui est les Pyrénées-Atlantiques. Nous allons faire le bilan de cette expérience avant un déploiement là où ce sera nécessaire.