Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
27 Nov 2023 | Profession
 

Le Gouvernement, qui doit présenter sa nouvelle stratégie de lutte contre le tabac ce mardi 28 novembre, a certes promis en septembre de ne pas augmenter les taxes pesant sur le tabac en 2024 (voir 3 septembre).

Mais pour éviter un décrochage des prix des cigarettes par rapport aux autres produits, le Parlement a décidé l’an dernier de faire évoluer l’imposition du tabac en fonction de l’inflation de l’année N-1 rappelle Les Échos ce 27 novembre.

Nous reprenons des extraits de son article.

Les prix des paquets au 1er janvier prochain doivent être publiés en décembre. Mais les industriels ont déjà fait leurs calculs sur la base d’une inflation à 4,7 % pour 2023. Et, s’ils restent discrets sur leur stratégie pour des raisons commerciales, ils ne cachent pas que la facture pourrait être salée pour les fumeurs, reprend le quotidien économique.

•• « Si les industriels ne veulent pas absorber l’augmentation de taxes sur leurs marges et la passent en totalité aux consommateurs, l’augmentation d’un paquet à 11 euros devrait être de 43 centimes » indique Romain Laroche, directeur général de Seita. Les industriels pourraient être d’autant plus enclins à alourdir la facture que les prélèvements effectués pour financer l’organisme chargé de la réduction des mégots jetés dans l’espace public (Alcome) doivent augmenter l’an prochain.

La Confédération des buralistes s’attend, elle, à une augmentation des prix du tabac de l’ordre de 40 à 50 centimes l’an prochain. De quoi pousser le prix de certains paquets, comme les Dunhill ou les Marlboro Red, à 12 euros dès 1er janvier.

Un coup au portefeuille qui ne sera pas le dernier, de l’aveu du Gouvernement. « C’est une évolution progressive qui a été votée l’an dernier » a prévenu le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, sur Sud Radio. Elle « nous amènera – cela dépend de l’inflation – autour de 13 euros le paquet à la fin du quinquennat » (voir 23 novembre).

•• Ces nouvelles hausses feront-elles baisser le tabagisme ? Cela reste à prouver, poursuit Les Échos.

Ces dernières années, la flambée du prix des cigarettes s’est bien accompagnée d’une chute des ventes. En 2018, il s’était écoulé en France 2 milliards de paquets. En 2023, les buralistes ne devraient en vendre qu’environ 1,5 milliard.

Mais en parallèle, les chiffres de la consommation de tabac, publiés par Santé publique France, montrent une grande stabilité depuis plusieurs années : près de 12 millions de fumeurs. Comment consomment-ils autant, en achetant moins aux buralistes ? Sans doute en se rabattant sur le tabac importé – légalement ou non. « Notre fiscalité a installé et renforcé le marché parallèle » peste Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes. 

•• Du côté des rentrées fiscales, les résultats des dernières hausses sont en tous les cas mitigés. Lors de l’élaboration du projet de Loi de Finances pour 2023, Bercy misait sur 600 millions d’euros supplémentaires dans les caisses de l’État. L’estimation s’est avérée trop optimiste. Les taxes sur le tabac devraient finalement rapporter 13,7 milliards en 2023, soit 60 millions … de moins que l’an dernier.

Après une hausse régulière et un pic exceptionnel en 2020 et 2021 autour de 14,8 milliards d’euros (quand les confinements obligeaient les fumeurs à réaliser leurs achats en France), le rendement des taxes sur le tabac plafonne. Pour l’an prochain, le budget prévoit un gain de 250 millions d’euros par rapport à 2023, soit une hausse de 1,8 %, très inférieure à l’inflation.

« Au-delà d’un certain seuil, la hausse de la fiscalité est contre-productive » reconnaît un porte-parole de Bercy, « cela n’a plus aucun impact sur la santé et alimente un déport sur le commerce transfrontalier et la contrebande. »