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5 Mar 2019 | Profession
 

Après cette huitième hausse de prix du tabac en deux ans (voir Lmdt du 28 février), L’Est Républicain a recueilli les témoignages de buralistes et de fumeurs à Montbéliard (Doubs).

« Le marché, lui, est à la baisse depuis janvier 2018, autour de 10 % de vente en moins », relate Sébastien Trève, secrétaire général de la chambre syndicale départementale, « l’augmentation va alimenter le marché parallèle, les gens ne vont pas arrêter de fumer, globalement, ni moins fumer, mais vont aller se fournir en Allemagne, au Luxembourg… Ça va faire fonctionner les Douanes. »

•• D’autres buralistes confirment.

« On sent que le volume des ventes a reculé, mais ça ne veut pas dire que les gens fument moins, ils vont fumer ailleurs, ce qui entraîne aussi une baisse de fréquentation, que vous perdez en même temps sur l’ensemble de vos prestations » explique Sandrine Lugbull (photo). Alors, elle se « diversifie » pour tenter de combler le manque à gagner. Ainsi trouve-t-on désormais, chez elle, des produits d’épicerie.

Pour son collègue Xavier Dusoir, « les gens sont maintenant résignés, il y a eu peu de diminution, mais je pense que quand le paquet sera à 10 euros, ça accentuera le fait d’aller chercher des cigarettes ailleurs. » Les professionnels déplorent tous l’absence « d’harmonisation fiscale » au niveau européen : « on est aux frontières de pays où la cigarette est moins chère, ce n’est pas comme ça qu’on va combattre le tabagisme. »

•• Pour les fumeurs.

« On est fumeur et tant qu’on pourra acheter, on le fera. Mais fumer devient un luxe, ça peut être une motivation pour arrêter, comme on dit souvent. À chaque fois, je diminue et je reprends de plus belle. Là, je suis vraiment motivé, mais on en reparlera dans six mois … »

« Je ne savais pas que ça avait augmenté ce vendredi. Je songe à arrêter, il y aura des hauts et des bas, il va bien falloir, ça me coûte cher, surtout pour ma santé. Mais ce que je pense de cette augmentation, c’est que c’est avant tout une histoire de taxe. »

« Je pense que les gens fumeront même si ça augmente, mais ils iront chercher là où c’est moins cher, au Luxembourg, par exemple. J’ai réduit ma consommation depuis que ça a augmenté, mais je fume toujours un paquet par jour, j’en ai pour 300 euros par mois. »

« C’est un moyen de prendre de l’argent, l’idée n’est pas de préserver notre santé, on voit bien que ça ne réduit pas le nombre de fumeurs, ça réduit les ventes. Je déciderai moi-même d’arrêter de fumer. Même à 15 euros le paquet, j’achèterai … »