Les prix des cigarettes vont augmenter de 50 centimes, le vendredi 1er novembre (voir Lmdt de ce jour).
Ivan Letessier analyse, dans Le Figaro, les impacts de la trajectoire fiscale (« vers le paquet à 10 euros ») sur la stratégie des cigarettiers en France, sous le titre « les industriels ont appris à vivre avec des prix des cigarettes au plus haut ». Extraits.
•• « Cette hausse est la conséquence de celle des taxes programmées par le Gouvernement dans le cadre de son plan triennal destiné à porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros fin 2020. Le premier relèvement des taxes, censé faire augmenter les prix d’un euro en mars 2018, avait semé la panique chez certains industriels, à commencer par Philip Morris International, propriétaire de Marlboro.
•• « Craignant un effondrement des ventes en volumes, la filiale française avait minimisé ses hausses de prix, espérant au passage gagner des parts de marché, quitte à réduire sa marge. La mesure a obligé ses rivaux à modérer leur propre hausse, afin de rester un peu moins cher que le leader du marché.
« Résultat, tous les industriels ont vu leurs profits s’effondrer, à commencer par les filiales françaises de Philip Morris International et d’Imperial Brands. Cette bérézina a entraîné l’éviction des dirigeants de ces deux sociétés.
•• « Pourtant, au niveau global, la flambée des prix n’a pas entraîné d’effondrement des ventes en volumes. Ces dernières n’ont baissé que de 8 %, mais le chiffre d’affaires TTC des produits du tabac a, lui, augmenté. Et ce, pour le plus grand bénéfice des buralistes (rémunérés en pourcentage du prix du paquet) et, surtout, de l’État français. Ce dernier pourrait percevoir en 2020 un surplus d’impôts et taxes (TVA et droits d’accises) de 2 milliards d’euros par rapport à 2017 (voir Lmdt du 22 octobre).
•• « Cette relative bonne tenue du marché (en valeur) incite les industriels à ne plus modérer leurs hausses de prix, afin de reconstituer leurs marges, même si celles-ci sont encore en deçà de leur record d’avant le choc de prix. Les géants du tabac espèrent aussi qu’à compter de novembre 2020, le gouvernement ne décidera plus de hausses de prix aussi fortes et régulières, même si rien n’est acquis.
••« Pour autant, les cigarettiers ont bien compris qu’ils étaient entrés dans une nouvelle ère, et que la multiplication des politiques antitabac (interdiction de toute publicité, paquet neutre, hausse des taxes…) allait finir par réduire leur vivier de clients. C’est la raison pour laquelle ils ont massivement investi dans les produits alternatifs (tabac à chauffer et, surtout, e-cigarettes). »
À suivre …