Malgré leur diversification en cours, les buralistes de l’Aude s’inquiètent des effets de la hausse des prix du tabac de ce 1er janvier sur leur activité (voir 1er janvier).
La présidente de la fédération départementale des buralistes témoigne sur France 3 Occitanie. Alors qu’à Narbonne, les buralistes, qui ont bien voulu réagir auprès de La Dépêche du Midi, oscillent entre fatalisme et fort pessimisme face aux prix espagnols et au marché parallèle.
•• En 2000, les buralistes étaient 250 dans le département de l’Aude, aujourd’hui, ils ne sont plus que 161. Valérie Gauthier, présidente de la fédération départementale dit comprendre les impératifs sanitaires de la lutte contre le tabagisme mais juge l’augmentation du prix du tabac inefficace. Celle de ce 1er janvier va encore accélérer la fragilisation des commerces toujours largement dépendants de la vente de tabac.
Les achats de tabac à l’étranger – jusqu’à 4 cartouches par particulier sont aujourd’hui autorisés – risquent encore de s’accélérer. Mais aussi la contrefaçon. Les pistes de diversification encouragées par le Gouvernement sont pourtant nombreuses : retrait de colis, compte Nickel, timbres-amendes, mais elles ne suffisent pas à compenser les pertes enregistrées par les buralistes.
« La dernière augmentation de prix du tabac a entraîné une chute de 15 % de mon activité. J’essaie de développer le rayon jouets, la librairie mais ce n’est pas possible pour tous » déclare Valérie Gauthier. 2025 s’annonce encore une année difficile pour des buralistes qui sont souvent les derniers commerçants de villages ruraux. La moitié d’entre eux est installée dans des villages de moins de 3 500 habitants rappelle France 3.
•• « C’est la fin des buralistes dans pas longtemps, une profession lâchée, non protégée » pour le patron d’un tabac-presse à Narbonne (photo). « Surtout qu’il existe des marchés parallèles de partout, sans compter les épiceries de nuit et un paquet à moitié prix en Espagne. Les fournisseurs s’attendent à 4 000 fermetures de bureaux de tabac dans l’année en France. » « Après l’augmentation d’un euro en 2024, nous avons enregistré une baisse d’environ 18 % de nos ventes de tabac. Pour compenser il faut apporter de plus en plus de services et travailler de 6 heures à 20 heures 7 jours sur 7… »
Avec cette nouvelle augmentation de 2025, « qui se fera sûrement en deux fois d’ailleurs », le buraliste pense que « l’État se tire une balle dans le pied puisque la baisse des ventes de tabac entraîne mécaniquement moins de rentrées d’argent dans ses caisses ».
••« Cela fait plusieurs fois maintenant que le tabac augmente au 1er janvier. À côté de cela, certaines marques augmentent également leurs prix en cours d’année » note un collègue à Narbonne.
« … Pour les buralistes, cela entraîne une baisse d’activité, de 15 à 20 % pour nous en 2024. Ce qui est embêtant aussi, c’est la proximité de la frontière espagnole : combien de clients rentrent pour acheter des briquets, des feuilles ou des tubes… mais pas un tabac qu’ils trouvent à moitié prix en Espagne. Sans compter le marché parallèle qui nous plombe un peu plus encore.
« Pour tenter de s’en sortir, il faut donc travailler et se diversifier de plus en plus. Moi, j’ouvre tous les jours, y compris les jours fériés, à 5 heures du matin … »