Nous ne serions pas tous égaux, à la naissance, face au risque de tomber dans l’alcoolisme ou le tabagisme.
L’ADN contribuerait pour moitié à la dépendance à la boisson ou aux cigarettes, l’autre moitié relevant de facteurs dits « environnementaux » (contexte culturel, politiques de santé publique …). Un consortium de plus de 200 chercheurs tente, dans la revue Nature, de dessiner la carte de ces penchants largement partagés.
Agrégeant des données provenant de dizaines d’études antérieures, le collectif a identifié pas moins de 3 823 variants génétiques associés à la consommation d’alcool et de tabac.
•• Alors qu’une première analyse du genre, publiée en 2019, s’intéressait aux habitudes de 1,2 million de personnes, ce sont, cette fois-ci, les génomes de 3,4 millions d’individus qui ont été passés au crible. Avec un échantillon aussi pléthorique, les scientifiques ont pu déterminer, par exemple, que l’âge de la première cigarette est corrélé à 2 486 variants et le nombre de verres par jour, à 849. Certaines versions de gènes sont même associées aux deux produits, suggérant qu’elles prédisposent certains d’entre nous aux deux addictions.
L’enjeu de ces recherches pour les médecins ? Mieux identifier les personnes à risque de développer une dépendance et – selon le psychiatre de l’AP-HP, Romain Icick, dans Le Parisien – « proposer des alternatives thérapeutiques » adaptées aux différents profils : « sur le tabac, en France, les traitements disponibles sont plutôt efficaces. Sur l’alcool, en revanche, les progrès sont plus modestes. »
•• Cette vaste étude suit de quelques semaines un autre travail scientifique qui s’était intéressé lui à l’influence du sexe, masculin ou féminin, sur notre rapport au tabac : des chercheurs de l’université d’Uppsala, en Suède, ont en effet expliqué être parvenus à observer un phénomène propre au cerveau des femmes.
On se doutait que la nicotine y bloquait la production d’œstrogènes, une hormone présente davantage chez elles que chez les hommes et impliquée notamment dans la reproduction et le cycle menstruel. Mais cette expérience a révélé, de manière inattendue, que cet effet se produisait dès la première cigarette. Selon cette équipe, le phénomène pourrait expliquer la plus grande difficulté qu’ont les femmes à arrêter de fumer.
À suivre.