À seulement 34 ans, Emmanuelle Malecaze-Doublet prend la direction du PMU (voir 5 juillet) et devient la première femme aux commandes de l’opérateur de paris hippiques quasi centenaire, quatre ans après son arrivée, grâce à un parcours sans faute. C’est ainsi que débute un portrait réalisé par l’AFP, sous la signature de Rébecca Frasquet, et que nous reprenons.
Réunie le 8 juillet, l’assemblée générale du PMU, où siègent ses deux sociétés mères France Galop et Le Trot, a nommé directrice générale, à l’unanimité, cette jeune femme déterminée et chaleureuse, qui ne vient pas du « monde du cheval », mais a été conquise par un milieu qu’elle a « passé beaucoup de temps à observer et écouter », dit-elle à l’AFP.
•• « Je suis passionnée par le PMU et ce qu’il représente : le pari, le divertissement, l’émotion. C’est une entreprise authentique, conviviale, dont les valeurs me parlent, mais beaucoup de gens en ont une vision biaisée: il me reste du travail à faire ! Ce qui me plaît, c’est toute la transformation qu’on est en train de faire, au niveau technologique mais aussi social: je veux une entreprise plus simple, moins hiérarchique », affirme-t-elle.
À la tête de l’entreprise née en 1930, qui gère 9 milliards d’euros de paris hippiques annuels – à 75 % reversés aux parieurs sous forme de gains, tandis que 9% financent la filière hippique (60 000 emplois, 236 hippodromes et 27 200 chevaux de course) et 9 % sont reversés à l’État -, ses missions sont multiples.
Tout d’abord : moderniser l’image un peu vieillotte des paris hippiques, rendre l’offre plus ludique, développer l’activité en ligne – en croissance de 25 % depuis le Covid -, développer l’activité à l’international qui représente « 100 millions de marge », et « investir » grâce aux 824 millions d’euros de résultat net visés cette année, dit-elle.
Et aussi : attirer de nouveaux parieurs – majoritairement des hommes à la moyenne d’âge de 50 ans -, notamment grâce au footballeur Antoine Griezmann, propriétaire d’une écurie, passionné de courses hippiques devenu ambassadeur du PMU.
•• Après une enfance à Toulouse au sein d’une famille « très soudée », le lycée Fermat et une classe préparatoire parisienne, elle enchaîne avec HEC puis six ans de missions, en France et aux États-Unis, pour le cabinet de conseil américain McKinsey.
« Je viens d’une famille de médecins: mes parents, mes grands-parents, mon oncle, ma tante … tous sont ophtalmos. Que je ne fasse pas médecine, c’était un peu la catastrophe », s’amuse la jeune femme, qui aura 35 ans le 3 octobre. « Mon grand-frère s’est émancipé: il est dans le luxe, c’est le PDG de Dunhill. Le petit avait trop de pression : il est devenu ophtalmo ! »
Engagée comme directrice financière du PMU en 2018, elle enchaîne un an plus tard avec le poste crucial de directrice du marketing, e-commerce et international, où elle supervise notamment la réouverture post-Covid des points de vente et l’animation du réseau.
•• Fin octobre 2021, coup de tonnerre : le directeur général Cyril Linette est « révoqué pour faute » après s’être opposé au choix d’un nouveau siège, voulu par les sociétés mères, et la voilà, forte de sa connaissance des enjeux stratégiques de l’entreprise, nommée directrice générale adjointe.
« J’ai fait beaucoup de métiers différents, je connais bien les équipes : j’ai eu l’impression de rejoindre une famille. A chaque prise de poste, je reçois une cinquantaine de personnes et je les écoute », affirme-t-elle.
Pour la direction du PMU et ses 1 100 salariés, elle sera choisie par un cabinet de recrutement, après avoir été en concurrence avec des candidats extérieurs.