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20 Nov 2017 | Profession
 

Solidaires avec leur filière, les producteurs de tabac ont déploré la fermeture du site Seita de Riom (voir Lmdt du 12 juillet).

Mais pour l’heure, cette décision n’a pas perturbé une filière qui se porte plutôt bien dans son contexte particulier, selon un article de La Montagne de ce dimanche 19 novembre.

•• La production des planteurs puydômois – rattachés à la coopérative Périgord tabac – prend actuellement la direction de l’usine de l’union des coopératives France Tabac à Sarlat (Dordogne / voir Lmdt du 1er juillet 2016) pour une première transformation, avant d’être vendue à des industriels.

Et après ? « On ne sait pas où ça part », explique Jean-Louis Duron, président du Syndicat des producteurs de tabac Auvergne-Bourbonnais, « la fermeture de la Seita n’a pas eu d’effets directs pour nous, les producteurs. France Tabac continue de nous acheter le tabac. »

Seule inquiétude : Imperial Tobacco va aussi « se désengager de la production de la variété Burley en France. Ils ont trouvé moins cher ailleurs », raconte Jean-Louis Duron.

Reste que la nouvelle ne perturbe pas vraiment le planteur basé à Aigueperse (près de Riom) France Tabac est déjà en pourparlers avec un autre grand fabricant … japonais. « Il y aura un autre acheteur. La seule incertitude, c’est le prix », résume Jean-Louis Duron.

•• À court terme, l’horizon est donc dégagé pour les 45 planteurs de tabac auvergnats, installés surtout en Limagne. Certes, avec 70 hectares de culture et une production de 200 tonnes, on est loin des grandes années 80, « où on est monté jusqu’à 300 planteurs et 500 hectares ».

Mais à écouter le syndicat, la filière s’en sort plutôt bien : « la production s’est stabilisée depuis 2016. Les autres cultures vont mal et le tabac, même si le prix n’est pas celui qu’on souhaiterait, n’a pas connu de telles difficultés. C’est le moins pire, en somme. Sur une petite surface, le revenu est plus important avec le tabac qu’avec une autre culture. »

•• Jean-Louis Duron encourage même d’autres agriculteurs à tenter l’aventure.

• D’abord parce que, à ses yeux, « on ne produit pas assez de tabac en France : 8 000 tonnes alors qu’il s’en fume 40 000 tonnes ! C’est une des rares cultures où nous ne sommes pas en surproduction. Tout le monde est d’accord pour dire que le tabac est nocif mais tant qu’il y en a qui en fument, c’est aussi bien qu’il soit produit en France, c’est une garantie sanitaire. »

• Ensuite parce que « l’usine de Sarlat est calibrée pour 18 000 tonnes de tabac, or elle n’en traite que 8 000. Il faut augmenter les volumes si on veut réduire les coûts de transformation. »

• Enfin parce que c’est une diversification aux revenus assurés. « Tout pied de tabac planté est vendu », confirme Thomas Pannetier, planteur installé à Ménétrol, près de Volvic. « Il y a quelques années, certains agriculteurs ont abandonné le tabac car les prix des céréales étaient hauts, sans compter les aides de la PAC, meilleures qu’aujourd’hui. Mais la dynamique s’est inversée. On a maintenant besoin d’ateliers spécialisés comme le tabac, qui assure un bon complément de   revenus », estime Hervé Rougier, producteur à Saint-Laure, près de Clermont-Ferrand, et membre du syndicat.

•• Reste un principal frein au renouvellement : l’investissement de départ. « Un prix à 4 euros le kilo, quand les bâtiments sont payés, ça peut convenir, mais pour l’installation des jeunes, ce n’est pas possible. Il faudrait un euro de plus », estime Jean-Louis Duron. « C’est pourquoi on peine à trouver des jeunes. Et puis c’est comme une culture maraîchère, ça demande aussi beaucoup d’attention. »

/ Il y a dix ans, la coopérative des tabaculteurs du Sud-Ouest a lancé sa propre filière de fabrication de cigarettes, Traditab (voir Lmdt du 27 mars 2017 et du 11 octobre 2016).  « Pour le planteur, ça a amené une plus-value de 1 euro sur le prix du tabac au kilo : ils sont passés de 4 à 5 euros », souligne Jean-Louis Duron.

Mais problème …avec le paquet neutre : « une coopérative locale comme Sud-Ouest ne peut plus valoriser son tabac et sa provenance sur les paquets ! Pareil pour la composition des cigarettes. Ça ne favorise donc pas la production locale et française », poursuit Jean-Louis Duron.

•• Si le succès semble difficile à dupliquer localement, les planteurs puydômois n’écartent pas une possibilité : travailler avec les anciens salariés de la Seita qui souhaitent lancer une Scop (voir Lmdt des 7 octobre, 30 août et 15 juillet) . « On est en contact avec eux. Ça tient quelque part du rêve, mais on est prêt à aller dans leur sens, et pourquoi pas mettre en place une cigarette fabriquée en Auvergne-Rhône-Alpes ? Produire et transformer sur place, ça doit être trop logique (…) S’ils continuent à se développer, la solution serait plutôt d’aller avec eux. »