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10 Déc 2019 | Trafic
 

Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), Grigny (Essonne), Garges et Sarcelles (Val-d’Oise), marché du Val-Fourré ou au rond-point de la Vigne-Blanche aux Mureaux (Yvelines), … il n’y a pas qu’à Barbès (paris) que des paquets de cigarettes clandestins sont proposés aux clients de la main à la main …

Le Parisien / Aujourd’hui en France a mené l’enquête (double page dans l’édition papier du 9 décembre) sur ce florissant trafic en Ile-de-France, malgré les saisies, les arrestations et les condamnations.

•• Près de la gare RER de Grigny (voir 28 janvier), fin novembre, après plusieurs semaines d’enquête, les policiers ont interpellé quatre Guinéens, ainsi que celui qui les approvisionnait. Cet homme de 27 ans, qui vit dans le quartier de Grigny 2, avait caché 50 000 cigarettes (250 cartouches) dans un appartement de la cité et dans le coffre d’une voiture épave. Ce semi-grossiste a écopé de 600 euros d’amende avec sursis. Dès le lendemain, le parquet d’Evry faisait appel de cette décision (…)

La semaine dernière, une opération police/douane a permis d’interpeller quelques vendeurs et une centaine de cartouches à Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), entre le terminus du métro et celui du tramway T (voir 2 décembre 2019 et 2 novembre 2018). « Sauf que la sanction la plus lourde qui a été prononcée, c’est 350 euros d’amende et interdiction de reparaître dans le secteur. Et l’un d’eux a été revu sur place dès le lendemain ! » dénonce le maire LR Jean-Pierre Schosteck (…)

•• En effectuant des relevés dans les poubelles publiques, le cabinet d’audit KPMG relève qu’à Stains (Seine-Saint-Denis), ces cigarettes clandestines passent de 25 % en 2018, à 30 % sur les six premiers mois de 2019. C’est encore plus flagrant à Saint-Denis (24 % en 2018, 45 % sur les 6 premiers mois de 2019) et Montreuil (27 % en 2018, 39 % désormais) où des vendeurs se sont installés près des gares. A Argenteuil (Val-d’Oise), elle augmenterait de 25 % à 34 % sur cette même période (…)

•• Mais Paris reste la place forte (voir 16 novembre 2018). La brigade spécialisée dans la vente à la sauvette, composée de 24 fonctionnaires, a saisi entre le 1er janvier 2019 et le 31 octobre plus de 19 000 paquets sur son seul arrondissement parisien. 140 personnes ont été interpellées dans le cadre de ce trafic. Elles ont majoritairement fait l’objet d’une « procédure simplifiée » qui permet de ne pas encombrer les tribunaux, et de confisquer puis mettre à la benne la marchandise illégale.

La plupart des interpellations sur la voie publique ne concernent que les « petites mains », généralement en situation administrative délicate. L’échelon supérieur est rarement visible sur la voie publique et donc peu inquiété par les contrôles.

L’été dernier, 1,4 tonne de tabac a été découverte dans le box d’une « nourrice » ou « semi-grossiste ». Les policiers ciblent donc essentiellement les récidivistes, précise Emmanuelle Oster, commissaire divisionnaire.

•• L’Ile-de-France est approvisionnée par deux filières principales : d’abord celle d’Algérie, avec des cigarettes de contrebande, achetées euro localement et revendues aux grossistes aux environs de 3 euros. Les paquets portent alors des inscriptions en arabe.

Mais désormais, il y aussi la filière d’Europe de l’Est, plutôt avec de la contrefaçon. Car le grand banditisme a flairé le bon filon. Dans les pays de l’Est, les équipes spécialisées jusque-là dans les braquages ou le proxénétisme ont investi ce marché clandestin du tabac, supplantant la mafia chinoise, qui dominait jusqu’alors la contrefaçon de cigarettes.

Dans des entrepôts en Ukraine, Slovaquie, Pologne, les cigarettes sont confectionnées pour 70 à 80 centimes le paquet et seront revendues à 3 euros en France au premier maillon de la chaîne. Pour preuve, en Slovaquie, fin septembre, un hangar abritant une usine de contrefaçon a été démantelé. Les faux numéros de série imprimés sur les paquets fabriqués là-bas étaient les mêmes que ceux que retrouvés en vente devant la gare de Châtillon-Montrouge.

Elles sont parfois fabriquées encore plus près de l’Hexagone. Suite au démantèlement d’un entrepôt en Belgique (voir 28 novembre) les autorités belges rappelaient que « 30 entrepôts clandestins ont été démantelés en Europe, au premier semestre 2019 ».