Ce trafic, qui s’est installé depuis un an devant la gare, empoisonne la vie des voyageurs. Et la présence de ces vendeurs « gêne » les policiers pour accéder au point de deal de Grigny II, connu des acheteurs de stupéfiants de la zone.
Les forces de l’ordre ont donc mis en place une stratégie de harcèlement, avec des descentes régulières, comme cette opération coup de poing, le 17 janvier, racontée dans Le Parisien (23 janvier).
•• Une douzaine de vendeurs à la sauvette se postent tous les jours dans les escaliers qui mènent au parvis de la gare de Grigny : un des accès principaux pour les voyageurs de la ligne du RER D. Paquets de cigarettes à la main, ils ne cherchent pas à se cacher. « Cinq euros le paquet ».
•• La charge a été massive et ultrarapide, ce jour-là. Les policiers sont descendus de leurs voitures en plusieurs points et ont foncé en courant sur les vendeurs. Pris en tenaille, trois d’entre eux ont été interpellés. L’assaut a duré moins d’une minute.
« Ce sont essentiellement des Africains âgés de 20 à 25 ans, originaires du Mali ou de Côte d’Ivoire. La majorité n’a pas de papiers », explique le commandant Cédric Blondel. Une trentaine de paquets de cigarettes en provenance notamment de Roumanie ont été saisis, environ 400 euros en liquide, ainsi que plusieurs cartes de téléphone prépayées.
•• En 2018, « 80 vendeurs à la sauvette ont été interpellés », précise le commandant.
Si les policiers mettent autant d’énergie à chasser ces vendeurs, c’est que le parvis de la gare « est un point de passage obligé pour accéder au four (place tenue par une équipe de dealers) de Grigny II », poursuit Cédric Blondel, « dès qu’on pose un pied par terre, les vendeurs à la sauvette, en s’enfuyant, alertent les dealers de notre présence. Ça complique le boulot, mais on s’adapte ».
•• Les opérations de harcèlement, malgré leur efficacité, ne règlent pas le problème de fond, celui des filières de tabac de contrebande. « Nous n’avons pas le temps d’enquêter pour remonter à l’approvisionnement », déplore un autre fonctionnaire.
D’autres fustigent le manque de réponse forte au niveau judiciaire. « La vraie sanction, c’est la garde à vue », raille un policier. Le préfet peut aussi délivrer une Obligation de quitter le Territoire français (OQTF), si les vendeurs interpellés sont sans papiers.
•• « Nous prenons très au sérieux ce phénomène », assure le maire de Grigny, Philippe Rio (PCF), « face aux vendeurs à la sauvette installés devant la gare, il faut maintenir le dispositif de sécurité assuré par les policiers et inventer de nouveaux moyens pour agir durablement. »
Enfin, L’élu assure être allé à la rencontre des vendeurs à la sauvette : « certains sont du quartier, nous devons travailler sur la question de l’insertion ».