Suite aux dernières annonces sur le paquet à 10 euros et le supposé supplément de rentrée fiscale qu’il pourrait rapporter dés 2018 (500 millions d’euros / voir Lmdt du 13 juillet), les buralistes sont circonspects.
•• Comme en témoigne ce commentaire de Thierry Lefebvre (président des buralistes du Haut-Rhin et vice-président de la Confédération) sur le blog des buralistes du Haut-Rhin.
« Dans les projets de recettes pour 2018, il est annoncé une hausse des rentrées fiscales liées au tabac de quelque 500 millions d’euros.
D’où peut bien sortir ce chiffre de 500 millions d’euros ? De la cuisse de Jupiter ? Comment peut-on interpréter cette recette escomptée ?
Avec un volume constant des ventes et une légère hausse de la fiscalité ? Mais combien ? Avec un volume de ventes en baisse et une forte hausse de la fiscalité ? Mais combien ?
Tout cela sans pouvoir évaluer l’impact de l’évolution des marchés parallèles … Il faut également rappeler que les prix du tabac restent libres et à la discrétion des fabricants de tabac et ce, malgré les diverses taxes, minimum de perception et droits d’accises s’y rattachant.
À moins de lire dans le marc de café ou d’avoir une boule de cristal, ce chiffrage paraît pour le moins hypothétique.
De plus, cela semble aller à l’encontre d’une véritable politique de santé publique.
À moins que l’objectif caché ne soit évidemment pas celui escompté mais bel et bien de continuer à renflouer les caisses en faisant fi de toute politique de santé publique ! ».
•• Ou ces propos bien sentis de Cyrille Geiger, buraliste parisien, sur son blog (extrait) :
« Reste que le dernier sujet abordé sur le tabac reste bien fiscal puisque dans son budget en préparation, le Gouvernement table sur une hausse de 500 millions d’euros de recettes fiscales liées au tabac sur une recette de 14 milliards environ (soit, selon mes calculs, une hausse prévisible de 50 centimes par paquet en 2018).
Ma logique de petit commerçant serait de dire que compte tenu de l’objectif de baisse des ventes, on revoit la recette fiscale du tabac à la baisse … à moins que l’objectif affiché ne soit pas l’objectif réel mais bien une augmentation de la fiscalité du tabac. Je n’ose en effet pas imaginer que le Gouvernement commence par un budget volontairement vicié.
Déjà qu’en annonçant 80 000 décès attribués au tabac (voir Lmdt du 5 juillet), le Premier ministre manipule les données qu’il donne au Parlement dans son discours de politique générale, si en plus il bidonne les comptes … En effet le nombre de décès, fut-il tabou, est une vraie question.
Avec tous les plans anti-tabac qui se sont déroulés depuis vingt ans, nous serions en droit d’attendre une inflexion de cette courbe alors qu’elle progresse sans autre explication que le chiffre annoncé … 72 000, il y a un an, pour justifier le paquet neutre de Marisol Touraine et 80 000, maintenant, pour justifier d’une augmentation de l’imposition des fumeurs. Je ne sais pas à quel niveau, mais il y a des mensonges d’État lorsqu’on parle de la santé publique et du tabac en particulier. Et pour mémoire, il y a une subtilité dans ces chiffres puisque ce nombre n’est pas attribué mais attribuable au tabac … c’est subtil mais ça à son importance ».