« Avant de se laisser bercer par les sirènes du paquet neutre et ses hypothétiques conséquences positives pour la santé, il serait utile de sous-peser sérieusement ses effets négatifs » … Cécile Philippe, directrice générale de l’Institut Molinari (voir Lmdt des 25 mars 2015 et 10 février 2014), analyse dans une tribune, sur le site « contrepoints.org » en quoi le paquet neutre (générique) est une aberration économique, d’autant plus si la mesure s’étend à d’autres domaines au nom de la santé publique.
• La tendance visant à imposer un paquet générique, sans logo ni marque, ne se limite déjà plus aux produits du tabac, annonce la directrice de l’Institut. « La Thaïlande envisage ainsi d’imposer des images-choc sur les boissons alcoolisées, avec une rotation de l’image toutes les 1000 bouteilles. Le « plain packaging » des boissons alcoolisées a été explicitement mentionné par le gouvernement britannique lors de la consultation publique concernant sa « stratégie » sur l’alcool.
« Au nom de la lutte contre l’obésité, il est évoqué, par exemple, au Royaume-Uni ou en Australie, pour tout un ensemble d’aliments gras ou sucrés, de boissons gazeuses et sucrées, de confiseries, etc. Au Canada, en 2012, l’Association médicale de l’Ontario (OMA) suggérait d’apposer des images-chocs sur les produits trop caloriques comme les sodas, les frites et même les jus de fruits … »
• Si les intentions se veulent bonnes, elles ne prennent pas assez en compte le fait que les marques jouent un rôle économique incontournable aussi bien pour les consommateurs que pour les entreprises, poursuit Cécile Philippe. « Pour les premiers, elles sont une source d’information et s’avèrent particulièrement importantes pour identifier les caractéristiques des produits qu’il est difficile de juger avant de les avoir consommés.
« D’autre part, grâce aux marques, les entreprises se différencient plus facilement de leurs concurrents. Les fabricants sont alors incités à investir pour innover et améliorer leurs produits, ce qu’on constate d’ailleurs sur le marché du tabac, avec l’émergence de la cigarette électronique ou des produits du tabac à chauffer. Sans l’incitation à se construire une bonne réputation, les entreprises ont moins de garde-fous face à des comportements irresponsables ».
• Si la diversification des produits venait à disparaître, les consommateurs seraient les premiers perdants : « ils substitueront dans un tel cas des produits « génériques » aux ex-produits de marque. Les fabricants de ces derniers n’auront alors le choix que de faire faillite ou d’essayer de baisser les prix de leurs produits, en arrêtant par exemple de maintenir le même niveau de qualité qu’avant. « Résultat ? La destruction des marques par le paquet neutre risque bien de déboucher sur une baisse des prix des produits visés. Or, une telle baisse est un facteur qui favorise généralement, non pas une réduction, mais une augmentation de la consommation de ces produits jugés dangereux pour la santé ».