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13 Juil 2017 | Profession
 

Une quasi-pleine de page dans La Provence, de ce mardi 11 juillet, sur le paquet à 10 euros, toujours dans la ligne de mire du Gouvernement, au grès des déclarations (voir Lmdt des 12 et 10 juillet).

D’un recueil de réactions dans un bistrot marseillais à l’avis d’experts, en passant par l’activité « trafic » de la cité phocéenne … l’effet dissuasif de la mesure sur le tabagisme laisse perplexe.

•• « Comme le jeu ou l’alcool, le tabagisme est un bon baromètre de la précarité », analyse un serveur de restaurant. « Les gens vont mal, ils n’ont pas de travail. En début de mois, ils achètent des cartouches et essaient de les faire durer. À la fin, ils jouent, de plus en plus : mais ça, ça ne dérange pas l’État », grince-t-il.

Dans un bar-tabac du 1er arrondissement, un buraliste fait la moue : « à chaque fois, ces mesures dissuasives –  hausse de prix, paquet neutre – sont efficaces les premiers moisMais ensuite les gens recommencent à fumer comme avant ». Quitte à se tourner vers le marché clandestin ou « à se fournir sur Internet. On peut y acheter des cartouches venues de Roumanie », soutient, amer, le buraliste.

•• « Augmenter le prix des cigarettes a toujours un intérêt pour lutter contre le tabagisme », nuance de son côté le psychiatre et addictologue marseillais Christophe Lançon. « Mais pas chez tous les consommateurs ».

Ainsi, chez les fumeurs ne présentant pas de dépendance, « le facteur prix va être un élément supplémentaire pour les pousser à stopper », il sera d’un « effet nul, comme toutes les campagnes de prévention », sur les vrais consommateurs par addiction. Or, ce sont « ces personnes les plus vulnérables. Pour elles, à côté d’une hausse des prix du tabac, il faudrait donc développer des solutions alternatives : baisser considérablement le prix des patchs, des timbres, des cigarettes électroniques », estime le médecin.

•• « Cigarettes, cigarettes … ». Pendant ce temps, les revendeurs ne se cachent pas et alpaguent le passant au détour de la rue Longue-des-Capucins (1er), à Noailles où chaque week-end, près du marché aux Puces des Arnavaux (15e).

Marseille, avec un trafic de petites et moyennes quantités, est la porte d’entrée pour tout le pourtour méditerranéen. 70 % par son port, 30 % par son aéroport. La cité phocéenne est de fait « le plus gros marché de revente », car « 70 à 80 % des saisies effectuées en Paca le sont à Marseille ». À l’aune du  dernier audit du cabinet KPMG, le trafic de cigarettes marseillais engendrerait 40 millions d’euros annuels de chiffre d’affaire ! Et s’articulerait, comme le business du cannabis, autour d’une organisation bien précise : importateurs, semi-grossistes, mules, nourrices, transporteurs et ravitailleurs, vendeurs de rue.