Confrontés à l’érosion de leur chiffre d’affaires, les bar-tabac de l’Oise situés en zone rurale sont obligés de se réinventer pour faire vivre leur commerce. Comme à Paillart (au nord de Beauvais, à la limite de la Somme), les nouveaux buralistes du « Bistrot Trouvailles » redoublent d’imagination. Ou ailleurs … Reportage du Parisien.
Cette ancienne directrice d’un centre social à Auneuil, accompagnée de ses deux fils, a décidé de se lancer et de racheter les murs et le fonds de commerce de ce bar-tabac situé à Paillart, 580 habitants. « La banque nous a suivis, on a signé en avril 2022. Quelques jours après, on ouvrait à notre tour », se souvient-elle.
•• Et les trois ont voulu faire les choses différemment : avec un tout nouveau nom « Le Bistrot Trouvailles » et une toute nouvelle déco. « On a tout refait de A à Z », résume Marie-Pierre. « Des canapés noirs, des tables en bois, des lumières tamisées, un coin pour discuter ou jouer à des jeux de société : ici, tout est pensé pour que les clients puissent rester. »
Dans une seconde pièce, un coin épicerie a été installé, « avec des produits de dépannages, comme des condiments, mais aussi des produits locaux et régionaux des Hauts-de-France ». L’endroit fait également dépôt de pain. Le lieu mise sur le « multiservices », voire « multi-activités ».
Depuis l’ouverture, un des fils organise de nombreux événements, entre lecture de contes, après-midi jeux de société, soirée Halloween, karaoké ou encore concert guinguette, dont les images sont relayées sur les réseaux sociaux. « Il y a eu aussi la soirée techno, ça, c’était vraiment cool, vraiment intense. On a travaillé de 20 heures jusqu’à minuit, sans s’arrêter une seule seconde », se souvient-il, dans un sourire.
•• Dans les campagnes de l’Oise, « le Bistrot Trouvailles » est loin d’être le seul à faire peau neuve.
Ainsi, au bar-tabac « La Wandrille », à Rivecourt, la patronne a installé une bibliothèque, ce qui permet aux habitants d’emprunter régulièrement des ouvrages. « On essaye d’être toujours à la page, déclare-t-elle, en filant la métaphore littéraire. Moi, je fais plein de choses pour toujours répondre aux demandes de mes clients. » Du dépôt de pain, mais aussi des photocopies, de la vente de bombonnes de gaz en bouteilles ou des permis de pêche. « Le fait d’être dans un village crée notre spécificité, on ne peut pas demander à un bar-tabac d’une ville d’avoir les mêmes services. »
Au café de la Gare, à Saint-Leu d’Esserent, c’est un espace de coworking qui a été créé ; au café des Sports, à Noyers-Saint-Martin, on retrouve un « coin shop », avec de la papeterie, de la téléphonie et de la bière artisanale …
« À la campagne, comme le bar-tabac est souvent le dernier point de vente d’un village, il génère beaucoup d’attente des habitants » observe Valérie Foulon, directrice d’Initiative Oise Ouest. (Voir aussi 5 décembre, 27 novembre et 15 mai 2023).