Est-ce au tour de l’économie française de récolter les fruits de ces JO réussis ? Le pour et le contre dans Le Parisien …
La ministre déléguée des Entreprises et du Tourisme y croit. Dans un entretien à la Tribune dimanche, Olivia Grégoire table sur 9 milliards d’euros de retombées économiques pour les quinze prochaines années. « N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés, rentreront largement dans leurs frais, se réjouit-elle. Au terme de ces deux semaines, nous avons ainsi une augmentation de + 16 % des nuitées sur l’ensemble des villes hôtes, dont 20 % en Île-de-France. »
La Banque de France se veut aussi positive. Depuis le 9 août, elle anticipe « une hausse significative » de la croissance « de 0,5 % au troisième trimestre », dopé par les jeux.
•• Mais de là à parler d’un effet JO, c’est un pas que refuse de franchir Luc Arrondel, économiste spécialiste du sport. « Dire que ça peut booster l’économie d’un pays serait une erreur, rétorque-t-il. Sinon tous les pays en organiseraient ».
Coéditeur d’une récente étude (Retombées économiques des Jeux olympiques par Jean-Pascal Gayant, Revue de l’OFCE) sur les retombées économiques des Jeux, il est formel : « les JO ne sont ni une bonne, ni une mauvaise affaire. On estime à environ 4 milliards d’euros leur impact à court terme, en 2024, pour un coût pour le contribuable quasi équivalent – entre 3,2 et 4 milliards d’euros –, ça revient à des Jeux à somme nulle » détaille l’expert, directeur de recherche au CNRS. Sur le long terme, les études d’impact sont à prendre avec beaucoup plus de précautions. »
•• Le véritable impact de ces Jeux ne devrait pas être sonnant et trébuchant. « Au lendemain des JO de Londres, en 2012, une étude a démontré que le bien-être des Anglais était nettement supérieur à celui d’autres pays. C’est ce qu’on ressent aujourd’hui mais attention, cela ne dure jamais longtemps, quinze jours suivant la fin des Jeux paralympiques » indique le chercheur.
Une autre source de satisfaction, difficilement quantifiable aussi, réside dans l’héritage des Jeux : la rénovation ou la création de transports, d’infrastructures, de logements, le rayonnement médiatique du pays, de Paris aux yeux du monde … En attendant, « on peut déjà se satisfaire que ces Jeux font partie des moins coûteux et que les dépassements de budget sont restés raisonnables » conclut-il.
•• Reste une ombre au tableau : ces professionnels qui, sur le terrain, garderont un souvenir amer de ces JO, en particulier les professionnels du tourisme.
« Les chiffres d’Olivia Grégoire sur les nuitées sont vrais, mais il faut regarder avant et après les Jeux : notre remplissage est certes de 85 % pendant la compétition mais de 60 % pour juillet à Paris. Et entre les 12 au 24 août, on atteint à peine les 45 %, c’est très faible » alerte Franck Delvaux, président de l’Umih Île-de-France.
« Pareil pour les commerces et restaurants. Mis à part ceux à proximité des compétitions, ils n’ont pas travaillé. En zone grise, leur fréquentation s’est même effondrée de 70 % à 90 %. »