À la faveur du relèvement du plafond autorisé à 50 euros, ce geste simple pour régler ses achats a bondi, de 41 % des achats par carte en 2019 à 62 % en 2022, selon un rapport de la Banque centrale européenne (BCE) publié ce 20 décembre.
Une pratique qui s’est accélérée à la faveur de la pandémie. La proportion dépasse même les 80 % en Grèce, à Chypre, aux Pays-Bas ou en Slovaquie. En France, c’est un paiement par carte sur deux (voir 29 mars et 29 juin). Décryptage du Figaro.
•• Cette tendance illustre la rapide numérisation des moyens de paiement. En valeur, les achats réalisés par carte dans les commerces dépassent désormais les règlements en espèces. De leur côté, les paiements en ligne sont passés de 6 % à 17 % des achats quotidiens entre 2019 et 2022. Et l’utilisation d’applications mobiles pour régler via son téléphone ou sa montre connectée (Apple Pay, Google Pay…) atteint 3 % du total.
Ces observations proviennent d’une étude à grande échelle auprès de 50 000 personnes dans les dix-neuf pays de la zone euro réalisée tous les deux à trois ans. Cela vise, entre autres, à informer la décision de l’institut monétaire de Francfort, prévue mi-2023, sur la création d’un euro numérique, réplique « virtuelle » des pièces et des billets.
Un sujet très sensible, qui touche au rapport intime des citoyens à l’argent, et sur lequel ils sont parfois ambivalents.
•• Interrogés sur leur moyen de paiement privilégié, ils sont 55 % à citer les cartes bancaires, contre 22 % pour les espèces.
Mais, en même temps, ils estiment à 60 % important de pouvoir continuer à payer en cash. Raisons invoquées : le contrôle de ses dépenses quotidiennes, la protection de l’anonymat et la rapidité de transaction. Une préoccupation à prendre en compte par les banques dans leur réflexion sur l’avenir de leurs réseaux de distributeurs automatiques de billets.
Les habitudes varient d’un bout à l’autre du continent. Les pays les plus attachés aux espèces sont Malte, la Slovénie, l’Autriche, l’Espagne ou l’Italie. À Rome, le gouvernement de Giorgia Meloni a dû faire machine arrière, ces derniers jours, après des protestations de Bruxelles sur son projet d’autoriser les commerçants à refuser les paiements par carte inférieurs à 60 euros. À l’inverse, les Finlandais, les Néerlandais ou les Luxembourgeois sont acquis aux paiements par carte.
En moyenne, les transactions en numéraire représentent encore 59 % du total dans la zone euro – en déclin rapide par rapport aux 72 % de 2019 et 79 % trois ans plus tôt. C’est même déjà moins de 20 % en Finlande ou aux Pays-Bas. En France, cela représente encore près de la moitié des achats, contre 43 % pour les cartes.
Enfin, si le cash domine les échanges d’argent entre particuliers, les applications mobiles de paiement entre pairs (Lydia, Paylib…) ont conquis près de 10 % de ces transactions.