En une petite année, Gorillas et ses concurrents ont converti les consommateurs urbains à la livraison de courses express … en moins d’un quart d’heure. En Île-de-France, une livraison à domicile sur dix, selon NielsenIQ, est opérée par l’une des start-up (Gorillas, Getir, Flink, Cajoo…) qui ont pris d’assaut la capitale au printemps 2021.
Le marché pèse 200 millions d’euros selon IRI, et n’a pas fini de croître, estime Le Figaro. « Les habitudes changent » se réjouit Pierre Guionin, le directeur général de Gorillas en France, « les clients consomment de plus en plus à la demande et fragmentent leurs achats. Nous en bénéficions. »
La consommation évolue vers un modèle à la chinoise. Les jeunes consommateurs « n’y font plus de listes de courses » note un bon connaisseur de la distribution en Chine « lorsqu’ils pensent à un produit dont ils ont besoin, ils le commandent et se le font livrer immédiatement. Comme ça, c’est fait ! ».
•• L’allemand Gorillas surfe sur cette tendance qu’il a contribué à créer depuis son arrivée à Paris il y a un an. Il totalise plus de 1 million de commandes livrées. Signe que la start-up fidélise ses clients, 60 % d’entre eux ont recommandé au moins une deuxième fois, assure l’entreprise. En un an, le panier moyen a progressé de 20 à 25 euros.
L’usage de ce service ne se limite plus au pack de bières et aux chips commandés pour l’apéritif. Selon l’entreprise, un panier sur deux contient des fruits et légumes, tandis que les produits les plus commandés sont l’eau, l’avocat, la banane et le lait.
Gorillas a étendu son offre grâce au partenariat noué avec le groupe Casino. Les acteurs de la livraison express font leur lait des périodes de fermeture des magasins physiques. C’est le soir entre 18 heures et 23 heures ainsi que le dimanche qu’ils atteignent leurs pics de commandes.
•• Gorillas est l’un des grands gagnants de la course à la taille qui s’est engagée entre les acteurs de la livraison express, comme une répétition de ce qui s’est produit au milieu des années 2010 dans la livraison de repas. Fort du milliard de dollars levés en octobre dernier, il s’est tout récemment offert le leader du marché en France avec Frichti. Ils totalisent à eux deux plus de 60 % de parts de marché.
« En France, nous sommes en période d’acquisition de clients. Pour devenir rentable nous avons besoin d’un certain volume de commandes, et le marché est encore très encombré » assure Pierre Guionin. Il commence tout juste à se consolider. « Il est probable qu’il ne reste à terme que trois ou quatre acteurs contre huit aujourd’hui » estime-t-il. À condition que la mairie de Paris ne vienne pas perturber outre mesure le business des quick commerçants (voir 11 mars).