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7 Avr 2021 | Trafic
 

Les confinements et fermetures des frontières ont mis en exergue un phénomène bien connu des buralistes : la contrebande de tabac. Y compris dans la Nièvre. Enquête à Nevers dans Le Journal du Centre.

« On le voit au niveau des ventes des buralistes nivernais lors du premier confinement, il y a eu une augmentation importante. Il y a une réelle incidence pour le marché français, mais l’Europe ne veut pas en entendre parler. Les Douanes nous sauvent avec de belles prises comme en janvier avec 160 kilos de tabac saisi dans la région » y explique Benoît Poursin, président de la fédération départementale.

« Sans la Covid, et avec la hausse des prix qui continue, on pense qu’un paquet sur 2 pourrait être d’origine étrangère. La Covid a ralenti le phénomène, mais ça va reprendre » poursuit-il.

•• « Nous prenons très au sérieux le problème de la contrebande. La Nièvre est un département enclavé et il n’y a pas d’équipe de Douanes fixes » précise Michaël Faucher, chef du pôle action économique de Bourgogne à la Direction régionale des Douanes.

« Nous travaillons tout de même avec des renseignements de la part des autorités nivernaises. Généralement, les saisies relèvent de la chance lors d’un contrôle. La majorité du trafic aujourd’hui, c’est Monsieur tout le monde qui le réalise avec de petites quantités. Nous repérons facilement les allers-retours multiples vers les frontières ».

Si les volumes saisis en 2019 et 2020 sont très semblables, « en revanche pour 2021, nous avons saisi en mars l’équivalent de la moitié des saisies en 2020. »

•• « On estime à 30 % l’occupation des cigarettes de contrebande sur le marché français. Si je prends mon chiffre d’affaires, ça me fait un manque à gagner de 600 000 euros en un an » s’insurge un buraliste nivernais. « Il n’y a plus de douanes aux frontières, les gens font ce qu’ils veulent, c’est là, le problème de l’Europe. Tant qu’il n’y a pas d’unification du prix du tabac en Europe cette valse continuera. »

•• Le patron d’un bar-tabac ne blâme pas les clients : « les vendeurs de tabac de contrebande font plus de marge que nous. Avec seulement de faibles quantités, ils peuvent sortir notre salaire. Pour les clients, c’est pareil. C’est vite vu, entre une cartouche à 110 euros et une à 50 euros, je prendrais la moins chère (…)  »

•• Se fournir en tabac semble facile, au-delà des propositions dans la rue d’avoir des clopes à bas prix, les réseaux sociaux nivernais pullulent d’annonces dans ce sens, poursuit Le Journal du Centre : parfois faiblement dissimulées en ventes de tee-shirts Marlboro ou de cartouches d’encre. « Certains ne se cachent même plus et montrent en photo directement les paquets de cigarettes. Ça ne semble gêner personne. Pareil pour les clients qui n’hésitent pas à sortir leurs paquets colorés sur le comptoir lorsqu’ils boivent un coup » déplore un buraliste.