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24 Jan 2023 | Pression normative
 

Alors que la France est le premier pays à avoir créé un éco-organisme sur les mégots avec Alcome (voir 20 et 3 décembre 2022), des investisseurs s’intéressent désormais au secteur de la récupération / valorisation des mégots. 

Ainsi Keenat, née en 2019 à Talence (Gironde), récupère quelque 30 millions de mégots par an. D’après Les Échos, elle vient de lever de 3,5 millions d’euros auprès du fonds d’amorçage Asterion Ventures, du réseau Impact Business Angels, du fonds régional Aquiti Gestion et de Newfund Capital, associés à des financements de Bpifrance, de France Active, de Mirova et de la Banque des territoires.

•• Ce déchet dangereux présente, en effet, une forte valeur énergétique : « la combustion à 800 °C dans les incinérateurs est insuffisante pour détruire tous les composés toxiques. La solution consiste à les valoriser à travers les fours des cimenteries, qui fonctionnent à 1 450 °C » explique Sandrine Poilpré, cofondatrice et directrice générale associée de l’entreprise.

Face à d’autres jeunes sociétés du secteur, comme Cy-Clope ou MéGO!, Keenat est labellisée Entreprise solidaire d’utilité sociale (Esus) et a aussi développé un service global de collecte et de recyclage baptisé « Ecomégot ».

•• La start-up girondine a vendu 3 000 cendriers, muraux ou sur pied, à un millier d’entreprises et de collectivités, qui s’engagent à les vider dans des bidons fournis par Keenat. Ils sont ensuite ramassés par 54 entreprises d’insertion partenaires.

Les mégots sont transformés en combustible solide de substitution par des sous-traitants, afin d’être utilisés par une quinzaine de cimentiers partenaires. À plus long terme, Keenat envisage le recyclage des mégots, grâce au dépôt d’un brevet lui permettant d’extraire l’acétate de cellulose, qui donnerait naissance à un matériau plastique. L’entreprise a aussi lancé une activité de prestation de sensibilisation aux écogestes.

•• Keenat, qui emploie 30 personnes, réalise un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, principalement grâce à la vente de cendriers. « Nous avons doublé notre chiffre d’affaires chaque année tout en gardant une activité équilibrée. Ce qui montre que les entreprises de l’économie sociale peuvent être viables sans être subventionnées » précise Sandrine Poilpré.

La jeune société veut étendre son activité à quatre pays européens voisins, dès 2023, afin de collecter 1 milliard de mégots grâce à 2 000 clients. Son autre ambition est de développer deux nouvelles filières de recyclage, autour des masques jetables et des chewing-gums. Photo : Keenat