Devant l’usine Scania (site d’assemblage de camions de 38 hectares) à Angers, une nuée de salariés vêtus de vestes jaune et orange fluo envahit le trottoir plusieurs fois par jours, depuis la rentrée de septembre.
À y regarder de plus près, il ne s’agit pas de militants syndicaux en colère, mais simplement de salariés fumeurs, priés d’aller griller leur cigarette à l’extérieur du site industriel. Car, comme l’informe un panneau planté à l’entrée du parking, Scania est désormais « usine sans tabac ». Une première en Maine-et-Loire. Voulue par la maison mère suédoise du producteur de camions, cette démarche s’inscrit dans une politique globale de prévention en matière de santé.
« On participe à Octobre rose, à Movember, à Mars bleu, au « Mois sans tabac », et on sensibilise aussi nos collaborateurs sur le bien manger. Devenir usine sans tabac s’inscrivait dans la continuité de toutes ces actions »pose, dans Ouest France, Frédéric Guibert, responsable du pôle Santé de Scania Production.
•• Une année de préparation a précédé la mise en place de cette mesure, qui concerne un tiers des 1 400 salariés. « On a communiqué tous les mois sur la démarche, en partageant des ressources comme l’application Tabac Info Service » avance Frédéric Guibert.
« Trois sessions d’accompagnement avec un addictologue ont également été proposées aux volontaires pour réduire ou arrêter leur consommation de cigarette, ou tout simplement se faire à l’idée de ne plus pouvoir fumer sur leur lieu de travail. Mon rôle n’est pas de leur dire d’arrêter », précise le responsable Santé.
•• Forcément, cette nouvelle restriction n’a pas fait que des heureux parmi les collaborateurs, contraints d’aller fumer sur le trottoir le long du boulevard … Parmi eux, aucun ne s’est posé la question d’éteindre définitivement sa cigarette. L’effet sur le tabagisme semble pourtant positif, même s’il reste difficile à quantifier.
Sur 400 à 450 fumeurs recensés dans l’entreprise, seuls 350 à 400 « sortent de l’enceinte de l’usine plusieurs fois par jour. Où sont passés les autres ? Ont-ils arrêté ? Il faudra certainement des sondages pour le mesurer » pointe Frédéric Guibert.
Le responsable se dit satisfait de l’accueil des salariés : « il y a forcément des mécontents, et je les comprends complètement, ayant moi-même été fumeur. Mais globalement, il y a eu moins de résistances qu’on le pensait ». Quant aux anciennes zones fumeurs installées à l’intérieur du site, elles ont vocation à devenir d’agréables espaces de pause extérieurs … sans fumée.