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14 Août 2017 | Observatoire
 

« Poncif : formule rabâchée qui a perdu toute originalité » (Le Larousse)

Ainsi, le philosophe et ancien ministre Luc Ferry veut « en finir avec le tabac » dans sa dernière chronique au Figaro que nous tenons à disposition ci-joint (lien).

•• Notre commentaire n’est pas une réplique mais se veut une contribution à un débat que le flamboyant auteur de « Sept façons d’être heureux » ouvre bien involontairement alors que son titre semble vouloir le clore.

Son propos ? La science prouve que fumer est absolument mortel. C’est donc au nom de la science que la morale exige d’interdire absolument le tabac.

Nous espérons ne pas trahir un texte autrement plus étayé mais, du moins, nous le comprenons comme tel. L’auteur retrouvant un argument convoqué de-ci de-là par la politicienne en cessation d’activités pour cause d’élections, Michèle Delaunay.

•• Mais quitte à se placer sous le magistère de la science, on aurait été curieux de voir le très lointain descendant de Jules Ferry (à ce qu’il paraît) ne pas s’arrêter à une conclusion si abrupte, tellement péremptoire.

En effet, la science ne s’intéresse-t-elle pas autant aux causes qu’aux conséquences ?

Alors, que dit la science sur ce qui amène à fumer du tabac ?

Alors, que dit la science sur le plaisir que trouvent certains à fumer ?

Alors, que dit la science sur le recours que trouvent beaucoup dans l’addiction au tabac ? Comme à un certain nombre d’autres produits ou substances, d’ailleurs.

Luc Ferry aurait pu nous aider à répondre à ces questions. Avec la rigueur de l’évidence scientifique et du raisonnement philosophique. Dommage.

Car, avant d’annoncer ex-abrupto qu’il faille en finir avec le tabac, il nous semblerait logique de réfléchir plutôt à la manière de s’attaquer aux ressorts conduisant à débuter sa consommation. Sachant que nous sommes déjà dans un contexte où jamais la communication et l’information sur sa nocivité n’ont été aussi puissantes.

Le philosophe le sait bien : avant tout, se poser la bonne question.

•• Autre point :  cet ancien ministre de la Jeunesse et de l’Éducation nationale aurait pu avoir la curiosité scientifique de s’intéresser aux démarches actuelles qui proposent aux fumeurs des produits à inhaler ou à fumer et dont les liquides ou le tabac à chauffer s’avèrent potentiellement à risques réduits.

On peut y voir une réponse au problème du tabac, tel que posé dans notre société toujours consommatrice de nouveautés.

D’autant que le débat sur ces innovations ne fait que s’ouvrir, certes, mais il commence déjà à être documenté scientifiquement tant pas les principaux intervenants de la cigarette électronique que par les fabricants de produits de nouvelle génération : comme l’Iqos, la Glo ou Ploom Tech.

Ces innovations doivent présenter un début de crédibilité puisqu’elles amènent même les autorités sanitaires britannique et américaine à revoir leur position quant à la façon de lutter contre le tabagisme.

Plutôt que d’en appeler « à en finir avec le tabac » (ce que ne demandent même pas les anti-tabac à court terme), le chroniqueur du Figaro aurait été mieux inspiré de s’intéresser à ces initiatives où l’on voit une industrie tellement décriée – et ceux qui distribuent ses produits – apporter de premières solutions pour convertir les fumeurs à des produits moins nocifs.

C’est nouveau. Ce peut être décisif. Luc Ferry n’en sait rien.