La Journée mondiale sans Tabac approche avec pour thème « Le tabac, une menace pour notre environnement » (voir 10 mai).
Lors d’une conférence, l’OMS a lancé l’offensive médiatique, de concert avec STOP (Stopping Tobacco Organizations and Products), créé en 2018 par Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York dont on connaît l’activisme financier contre le tabac comme le vapotage (voir 14 août 2018, 11 septembre 2019).
« Jusqu’à aujourd’hui les dégâts dus à l’industrie du tabac ont reçu peu d’attention des politiques comme du public » a déploré le directeur du département Promotion de la Santé de l’OMS. « Le tabagisme empoisonne les personnes mais aussi la planète », a-t-il assené selon Les Échos dont nous reprenons l’article.
•• Dans le monde, quelque 6 000 milliards de cigarettes partiraient en fumée chaque année. De sa production à sa consommation, l’empreinte écologique de la fameuse clope est considérable.
« Environ 4 500 milliards de mégots sont jetés tous les ans. Cela fait de ce déchet l’un des plus importants au monde », a ajouté Ruediger Krech, qui précise que les experts en retrouvent des traces dans 70 % des oiseaux et 30 % des tortues. Sur les bords de la Méditerranée, 40 % des déchets ramassés sont des mégots, dont certains composants sont toxiques pour les animaux comme pour les plantes.
Les mégots restent la forme la plus visible des dommages causés à l’environnement font valoir l’OMS et STOP (sic).
•• La culture du tabac nécessite aussi beaucoup d’énergie, d’engrais, et 22 milliards de tonnes d’eau. D’après l’OMS, la production annuelle (32 millions de tonnes) contribuerait à près de 84 millions de tonnes équivalent CO2, soit 0,2 % du total des émissions. La production serait en outre responsable de 5 % du déboisement mondial.
« 90 % des cultures sont concentrées dans les pays en développement » expose la secrétaire de la convention-cadre de l’OMS (FCTC) pour la lutte anti-tabac Adriana Blanco Marquizo, « or, les terres arables sont limitées et la planète a besoin d’alimentation ».
•• Andy Rowell, chercheur à l’Université de Bath et partenaire de STOP, pointe également l’émergence de « toute une nouvelle génération de déchets dangereux : plastiques, batteries, métaux … » liés aux nouveaux produits développés par l’industrie du tabac comme les e-cigarettes ou les produits du tabac « chauffé ».
« Les grandes entreprises encouragent à passer à l’électronique mais il y a du greenwashing autour de ces produits », accuse-t-il, déplorant qu’« on parle de l’impact de l’industrie du pétrole, jamais du tabac ».
•• Chez les investisseurs, certains majors du tabac sont particulièrement bien notés en matière de performance environnementale. Philip Morris International s’est ainsi vu décerner un « triple A » pour ses efforts sur le climat et la gestion de l’eau et des forêts par l’association à but non lucratif CDP en début d’année. Mais pour l’OMS et STOP, l’impact environnemental néfaste du tabac est « intentionnellement minimisé » par l’industrie lorsqu’elle présente « ses produits et pratiques nocifs pour l’environnement et la santé comme durables ».
À deux semaines de la Journée mondiale sans Tabac, ils plaident pour des mesures politiques et des campagnes de sensibilisation.