C’est un livre dont la première édition remonte à 2008, date à laquelle la cigarette disparaissait en France des lieux publics. Un petit livre dont chaque page est une volute, une bouffée d’érudition.
Au nom de la lutte contre le tabagisme, au fil du temps, Lucky Luke aussi allait perdre sa clope et les affiches des films de Jacques Tati leur pipe. Le dernier endroit où régnait encore la cigarette en majesté, c’était le cinéma, surtout les vieux films mais pas seulement.
« Si le tabac tue à petit feu, il nous rappelle, comme les grands films, cette belle évidence : nous ne sommes pas des anges et nous sommes tous mortels » écrit Adrien Gombeaud dans la préface à la nouvelle édition avant d’emmener le lecteur, au fil du texte et des images, côtoyer un Marlon Brandon canaille, une cigarette au bec, une autre derrière l’oreille dans Un tramway nommé désir, ou encore Audrey Hepburn qui, dans Diamants sur canapé, joue d’un immense fume-cigarette comme d’une baguette magique. « Son destin d’actrice restera lié au tabac » écrit Gombeaud.
Ailleurs, c’est la grimace de Clint Eastwood auquel Sergio Leone faisait fumer d’infâmes cigarillos Virginia que l’acteur détestait. « Le dégoût se lit sur son visage, construit son personnage (…) Avec ces cigarillos écœurants, Léone effaçait l’air juvénile de son acteur. Il inventait Clint Eastwood ».
« Clopes en scope » donne envie de voir ou revoir les films qu’il évoque, lui qui n’a jamais fumé de sa vie et qui remarque, avec malice, que nos bonnes grosses vapoteuses d’aujourd’hui, celles qui glougloutent, ne remplaceront jamais une clope de Bogart, un barreau de chaise d’Orson Welles ou la pipe de Maigret.
(Édition Espaces et Signes) d’Adrien Gombeaud (journaliste aux Échos)