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28 Oct 2017 | Profession
 

Alors que l’Assemblée nationale venait d’adopter, en première lecture, l’article 12 du PLFSS 2018 permettant le passage du paquet de cigarettes à 10 euros (voir Lmdt du 27 octobre), Les Échos publiait son analyse d’un mécanisme fiscal inédit, utilisant tous les outils pour, en fait, propulser à la hausse les prix de tous les produits du tabac (dans son édition du 27/ 28 octobre). 

« Le paquet de cigarettes passera à 8,10 euros dès mars prochain – alors qu’aujourd’hui le prix moyen pondéré est de 6,80 euros.

•• L’augmentation du prix des cigarettes de 20 % en mars n’est que la première étape d’un plan antitabac qui vise à ajouter environ 3 euros sur chaque paquet d’ici à novembre 2020.

Le gouvernement ne fixe pas les prix mais peut les piloter en modifiant les taxes et prélèvements qui constituent 80 % du prix final.

Tous les leviers fiscaux seront actionnés : l’accise proportionnelle au prix, l’accise fixe pour 1 000 unités et le minimum de perception, ce garde-fou contre les politiques tarifaires agressives. / Le durcissement de la fiscalité frappera tous les produits du tabac, à priser, à mâcher, etc. Mais il sera plus accentué pour le tabac à rouler et les cigarillos et cigares, afin d’éviter un report des fumeurs de cigarettes sur ces produits (voir Lmdt du 19 octobre). Leur prix devrait grimper de 25 % en mars. La blague de tabac à rouler de 30 grammes passerait ainsi de 8,60 euros à 10,80 euros, et les cigarillos augmenteraient de 8 euros à 10 euros pour un paquet de 20 unités.

Par la suite, en 2019 et en 2020, les prix d’entrée de gamme vont remonter plus vite que le premium, car le principal levier utilisé pour relever le prix des cigares et cigarillos sera le droit fixe perçu pour 1 000 unités.

•• Pour les autres produits, dont les cigarettes, la logique est à l’inverse d’accroître le poids de l’accise proportionnelle. Ainsi, pour préserver leur marge, les marques les plus chères, comme Philip Morris, devront relever leurs prix alors qu’elles auraient pu avoir des stratégies de conquête de parts de marché.

Chez British American Tobacco France, qui commercialise beaucoup de cigarettes d’entrée de gamme, on approuve : « Tous les segments de prix seront touchés de la même façon. C’est ainsi qu’il faut procéder, car quand les marques premium bougent, les autres suivent », note le directeur juridique Éric Sensi-Minautier.

L’augmentation du prix du tabac ne s’arrêtera pas en si bon chemin, puisque le projet de loi indexe l’accise fixe et le minimum de perception sur l’inflation à partir de novembre 2020.

•• Les mesures antitabac rapporteraient 510 millions d’euros de recettes supplémentaires en 2018 et 1,41 milliard en 2021.

Pour 2018, le gouvernement fait l’hypothèse d’une élasticité prix de -0,75 : une hausse de 10 % des prix se traduirait par une baisse de 7,5 % des ventes, parce que les fumeurs cessent de fumer ou s’approvisionnent ailleurs. La hausse de 15 % du prix du tabac à rouler en 2017 a fait baisser de 8 % les ventes dans le réseau légal, soit une élasticité prix de -0,5.

En 2018, l’augmentation sera plus vive et généralisée, ce qui devrait être encore plus dissuasif. »