Le tabac à rouler, les cigarillos et les cigares pourraient voir leurs prix augmenter plus vite que prévu. Le Gouvernement étudie la possibilité de relever très fortement les taxes sur ces trois produits.
La mesure a été débattue lors d’une récente réunion interministérielle consacrée à la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), selon le JDD.
« Il y a des discussions mais, à ce stade, rien n’est validé et rien ne le sera avant la mi-septembre », indique-t-on au ministère de la Santé.
Fabrice du Repaire, délégué général de l’association française des tabacs à fumer et secrétaire général de la Fédération des fabricants de cigares, dit redouter une envolée du prix de la blague de 30 grammes de tabac à rouler : « elle pourrait passer à 15 euros en novembre 2020. »
•• Pour le ministère de la Santé, il s’agit de répondre à un objectif de santé publique, en faisant montre d’une certaine « cohérence ». Le tabac à rouler (15 % du marché) ou les cigarillos (3 % du marché) avaient été moins ciblés par les hausses de taxes que le paquet de cigarettes, dont le prix moyen devrait atteindre 10 euros en 2020.
« Sur les cigarettes, on avait bien anticipé les effets de comportement : on a observé une baisse des volumes vendus conforme à ce qu’on avait prévu » précise-t-on au ministère. « En revanche, les ventes de tabac à rouler et des cigarillos n’ont pas diminué autant qu’on l’avait imaginé et on se demande s’il n’y a pas un effet de report des cigarettes vers ces produits moins chers. On a lancé des études pour voir si cet effet existe bien »
•• Si l’hypothèse se vérifiait, les autorités tenteraient de limiter la différence de prix pour enrayer le phénomène de substitution. « Tout ça doit se construire en bonne intelligence avec les buralistes » ajoute-t-on avec prudence au ministère de la Santé, où l’on ne semble pas vouloir braquer une profession influente.
« Le Gouvernement avait fixé une trajectoire fiscale sur trois ans qui prévoyait déjà une forte augmentation. Or, il la modifie en cours de route, juste au moment où les Français expriment un ras-le-bol fiscal » attaque Fabrice du Repaire. « Les Gilets jaunes sont principalement des fumeurs de tabac à rouler et de cigarillos, les cigares du pauvre. C’est politiquement étonnant ». En tout cas, ça ne l’est pas budgétairement parlant : après une crise sociale à facture salée, la chasse aux millions d’euros est ouverte, conclut le JDD.