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19 Avr 2013 | Institutions
 

Le député PS Jean-Louis Touraine, co-rapporteur du rapport parlementaire sur « l’évaluation de la politique de lutte contre le tabagisme » (voir Lemondedutabac des 27, 28 février et 1er mars) – mais aussi auteur d’une proposition de loi sur les paquets génériques – est rattrapé, à travers les médias lyonnais, par un vieux dossier remontant à dix ans : une tentative avortée de brevet d’une découverte relative au virus du sida, via le paradis fiscal des Bermudes …

Le député se défend en brandissant « la chasse médiatique », en pleine vague de moralisation. Mais l’affaire devient embarrassante alors qu’il vient tout juste d’être élu vice-président de la puissante Fédération hospitalière française.

Selon l’enquête de Rue 89, Jean-Louis Touraine et un de ses confrères des hospices civils de Lyon (HCL) sont contactés, en 2000, par une société internationale de biotechnologie, Mymetics, suite à la publication d’un article scientifique sur une thérapie pouvant faire avancer la recherche contre le sida. Comme il n’est pas possible, en Europe, de faire breveter une découverte rendue publique dans une revue, la société propose une procédure de dépôt américaine et choisit de créer une société, Viraid Limited, domiciliée … aux Bermudes. Aux dires de Jean-Louis Touraine, ce n’est pas l’aspect « paradis fiscal » du territoire qui aurait été pris en compte, mais plutôt les caractéristiques administratives du pays permettant d’aller plus vite qu’aux Etats-Unis pour mener à bien la procédure de brevet. Le projet se soldera finalement par un échec : le brevet ne sera jamais déposé et Viraid Limited dissoute,  deux ans après sa création. Et Jean-Louis Touraine de jurer qu’il n’y a pas d’affaire et qu’il aurait renoncé à tout bénéfice.

En fait, les liens entre Jean-Louis Touraine et Mymetics ne se seraient pas arrêtés en 2003. Le Cedic, centre de recherche qu’il pilote aux HCL, aurait reçu en 2004, 120 000 actions de Mymetics, au motif du règlement d’un différend : « Un travail de recherche spécifique non rétribué » se rappelle, avec quelques difficultés, le député. Mais à l’époque, Mymetics ne cachait pas son intention lobbyiste, en déclarant vouloir « avoir un accès rapide au cercle restreint des leaders d’opinion mondiaux en matière de VIH-sida ». Plus étonnant, Jean-Louis Touraine affirme ne pas savoir si l’association qu’il préside est toujours en possession desdites actions … Actions d’une société privée cherchant à se positionner pour être « candidat-vaccin » contre le sida, alors que le député se trouve être lui-même, au sein de l’Assemblée nationale, président du groupe d’études sur le sida.

Conclusion de Rue 89 : il y a des vérifications urgentes à mener : « pour un parlementaire qui n’a pas hésité, ces derniers jours, à prendre la parole au sein des instances du PS sur la grande question de la moralisation de la politique ».