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22 Juin 2016 | Observatoire
 

Drogue internetUn débat qui n’est pas sans rappeler celui que la Confédération a tenté de lancer – récemment au Sénat – à propos du commerce illégal de tabac sur Internet (voir Lmdt des 29 et 30 avril). 

Car l’achat de produits stupéfiants sur la toile a, aussi, explosé ces dernières années. À travers le monde, 10 % des consommateurs de drogue auraient déjà eu recours à une plateforme pour se fournir, d’après un rapport de l’Observatoire européen de la Toxicomanie. Lors des questions d’actualité de ce mardi 21 juin, le député (LR) de Paris, Bernard Debré, s’est inquiété auprès du ministre de l’Intérieur de cette facilité d’achat, en demandant la suppression des « bitcoins » et la fermeture des sites de vente de drogue.

• Bernard Debré

« Cocaïne, champignons hallucinogènes, marijuana, et cannabis de synthèse. Voici les drogues qu’on peut se procurer aussi facilement qu’on commande des chaussures. Comment est-ce possible ? C’est simple, directement sur Internet par des sites souvent hébergés aux Pays-Bas, avec paiement par carte bleue, et la marchandise qui arrive sous pli discret à l’adresse de votre choix.

« Autre option plus sure mais un peu plus compliquée  : passer par le «  » Dark net « , le plus grand supermarché de l’horreur du monde. Les trafiquants y côtoient terroristes et pédophiles. Pour payer , il suffit de disposer de bitcoins, monnaie virtuelle qui s’achète auprès des banques en ligne, la livraison là encore par voie postale, sous pli discret, venant cette fois de France …

« … Je demande à ce que soit mis en place un programme de lutte contre le trafic au sein de l’UE, en assurant un meilleur contrôle aux frontières et en traquant les acheteurs français. Je demande que soit mise en place une mission d’information sur la lutte contre le trafic et les nouveaux modes de distribution des drogues en France qui prennent la place des dealers physiques.

« Je demande l’interdiction des « bitcoins » qui servent surtout au trafic et blanchiment d’argent comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays ».

• Bernard Cazeneuve

« La question que vous posez renvoie à des trafics préoccupants, réels. Je vais donner quelques chiffres : c’est 12 milliards d’euros au sein de l’UE, près de 2000 tonnes en ce qui concerne la consommation de cannabis et pour ce qui concerne la cocaïne c’est la deuxième drogue la plus consommée au sein de l’UE.

« Deux questions : faut-il une stratégie européenne ? La réponse est oui, la France y a contribué. Comme vous le savez sans doute, une nouvelle stratégie anti-drogue a été définie par l’UE pour la période 2013-2020. Cette stratégie a pour but de répondre aux nouvelles évolutions du trafic de drogue et de permettre la coopération entre les services des douanes au plan européen. 

« Ensuite, sur la question de la vente sur internet : aspect important, car c’est par internet que se font aujourd’hui beaucoup de cyber-trafics. À l’Office des Stupéfiants, les policiers ont été formés comme cyber-patrouilleurs et ont reçu l’habilitation du parquet de Paris pour pouvoir se rendre sur ces sites. Ces policiers sont à même d’identifier les sites, les techniques de vente et de faire ouvrir des enquêtes. Grâce à cette action, nous avons eu d’excellents résultats, l’an dernier, de saisie d’avoirs financiers et de drogue. C’est au sein d’Europol que les services de cyber-criminalité collaborent ».

Mais encore ? C’est comme pour le tabac, on constate, on forme, on se donne quelques moyens … et on attend des résultats concrets que l’on voudrait bien annoncer.