Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les sordides trafics du tabac ont connu un développement hors-normes dans la bande de Gaza (voir 14 juillet et 20 juin). Nouveau témoignage signé franceinfo.
Alors que l’aide humanitaire parvient encore au compte-gouttes, des convois sont attaqués à cause de la contrebande de cigarettes. Depuis le début de la guerre, les prix explosent et alimentent le marché noir et la violence.
Comme quasiment tous les hommes à Gaza, Nabil est un grand fumeur. Et depuis le début de la guerre, il a évidemment dû réduire sa consommation. « Je fume une cigarette par semaine », raconte-t-il. « Un paquet de Karelia, avant le 7 octobre, coûtait à peu près 20 shekels (environ 5 euros), maintenant il coûte 4 000 shekels, soit 1 000 euros ! Un carton de Karelia qui contient par exemple 50 cartouches, c’est-à-dire 500 paquets, coûte 380 000 euros. Les prix sont fous, les gens deviennent fous. Et il y a la mafia qui gère ça. »
Des groupes criminels profitent sur tout le territoire de la pénurie de tabac et de l’absence d’autorité pour s’enrichir sur le dos d’une population complètement démunie.
Selon Andrea De Domenico, le chef de bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies dans les Territoires palestiniens, il y a un trafic de cigarettes de contrebande organisé qui utilise les convois d’aide de l’ONU pour échapper aux contrôles de sécurité israéliens.
« À partir de l’opération à Rafah, en mai, on a commencé à trouver des cartons de cigarettes dans l’aide humanitaire », note Andrea De Domenico. « Les camions se font attaquer, mais les assaillants ne vont pas sur les marchandises qui sont chargées dans les camions, ils cherchent quelque chose. Et au bout d’un moment, on s’est rendu compte qu’ils cherchaient des cigarettes. Donc ils avaient l’information précise, à savoir où chercher. C’est attractif de cibler spécifiquement les cigarettes. »
Parmi les autres produits rares et donc chers, il y a les tentes et les jerrycans, qui sont aussi pillés et revendus au marché noir au prix fort.