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8 Juin 2016 | Profession
 

France Tabac« Comment en est-on arrivé là ? ». Quand le désarroi du personnel se conjugue à la platitude d’un certain discours politique.

Quelques jours avant la présentation de l’audit organisationnel, attendu le vendredi 17 juin (voir Lmdt du 1er juin 2016), et alors que se profile un probable quatrième plan social en neuf ans pour l’usine de Sarlat et ses 56 salariés (voir Lmdt des 30 avril 2015 et 28 mars 2014), que constate-t-on sur place ?

Sachant que le plan précédent, l’année dernière, s’est traduit par 29 licenciements.

•• Sentiment de fatalisme : une soixantaine de personnes s’est réunie devant l’entreprise, le lundi 6 juin, à l’appel lancé sur Facebook par Force Ouvrière. De quoi regretter l’absence des anciens. « En 2008, nous étions tous montés à Bruxelles, pour protester contre l’arrêt des subventions européennes, mais aujourd’hui il n’y a plus rien, regardez autour de vous » témoignent Jeanne et Lili, deux retraitées au micro de France Bleue.

Deux conseillers municipaux d’un village voisin, Claude et Odet : « il y a encore quelques années, les producteurs de tabac étaient nombreux dans le village, maintenant il n’y a plus rien ».

•• Impuissance politique. Il suffit de prêter attention aux propos, quelque peu confus, publiés par Sud-Ouest, le 1er juin :

• Germinal Peiro (député socialiste, animateur intermittent du groupe d’étude parlementaire sur le tabac et président du conseil départemental de Dordogne) : « la situation est paradoxale car on aurait des clients pour le tabac français, mais on a une production qui n’est pas au niveau. On est frappé par une sous-production alors qu’on aurait eu des marchés » (sic).

Avant de revenir au désengagement de l’Union européenne. « C’était il y a six ou sept ans. Avant, les tabaculteurs recevaient 10 000 euros par hectare, c’était considérable. Après ça, la production de tabac était devenue moins rentable, moins attractive. Nous, élus, nous avions pourtant fait de notre mieux pour le maintien du soutien de la production tabacole par l’Europe. Il y a de quoi se sentir impuissant » (resic)

« Je pense qu’il y aura toujours un certain niveau de production qui va se maintenir car il y a une demande. Mais ce qui arrive est tragique ».

Sachant que Germinal Peiro ne saurait se désolidariser du paquet neutre, par affiliation politique.

• Jean-Jacques de Peretti (ancien ministre et maire de Sarlat / LR) : « il y a trente ans, 80 % des exploitations agricoles du Saladais faisaient du lait et du tabac, c’étaient les deux mamelles ici. Mais là, il n’y a plus, ou presque plus, d’exploitations du tabac, donc de production. Le problème, c’est que nous avons en France une forte politique anti-tabac. De plus, ici, nos exploitations étaient petites, environ 3 ou 4 hectares bien souvent. C’était fragile. On est dans le tunnel … ».

•• Bien d’autres questions se posent au sujet de ce dossier France Tabac. Tant sur le désengagement de l’État que sur l’attitude des principaux clients ou sur la valeur d’un patrimoine agricole et technique qui risque d’être abandonné dans une région Aquitaine où l’ensemble de l’agriculture est en crise.

À suivre.