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10 Déc 2020 | Associations
 

Nouvelle offensive médiatique sur les prix du tabac, lancée par l’Alliance contre le Tabac … alors que le cap du paquet à 10 euros vient d’être franchi et que le Gouvernement s’est engagé sur une pause fiscale. 

Dans Le Figaro et Les Échos.

•• Alors que 56% des Français pensent que la vente de tabac rapporte plus à l’État qu’elle ne lui coûte, le tabac serait loin de remplir les caisses de l’État. Et ce malgré la fiscalité écrasante qui lui est appliqué, affirme ainsi une étude que vient de publier l’Alliance contre le Tabac (voir 19 mai et 5 mars) et relayée en ligne par Le Figaro. 

L’étude met en avant une comparaison entre les recettes fiscales de l’État venant du tabac (16 milliards d’euros) et les dépenses de santé directement liées au tabac (qu’elle estime à plus de 26 milliards d’euros par an). Auxquelles s’ajouterait le coût social net pour la société évalué à 120 milliards d’euros par an selon Pierre-Alexandre Kopp, Professeur d’Économie à l’Université Panthéon-Sorbonne

Soit, au total, un coût qui pèserait sur tous les Français, y compris non-fumeurs, avec une facture de 1 800 euros par an et par habitant. La balance resterait donc largement déficitaire.

« Et pendant ce temps, les quatre géants du tabac ne paient quasiment pas d’impôts en France, via une politique d’optimisation fiscale équivalente à celle des Gafa », commente Loïc Josseran, président de l’Alliance et Professeur en Santé Publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin. « Pour que le tabac ne coûte rien à l’État, le paquet devrait être à 45 euros puisqu’environ 1,9 milliard paquets de cigarettes sont vendus chaque année en France ».

 L’objectif du paquet à 10 euros programmé par l’ex ministre de la Santé, Agnès Buzyn, étant atteint voire dépassé, Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, vient d’annoncer un moratoire sur les prix du tabac, déclarant qu’il n’y aurait pas de nouvelle hausse d’ici 2022 (voir 23 octobre et 1er novembre).

 Mais il est important de ne pas s’arrêter là et de continuer à augmenter les prix, défend l’Alliance contre le Tabac, qui milite pour porter le prix à 15 euros d’ici 2025, via des augmentations régulières de 70 centimes.

Et ce d’autant que les produits du tabac n’ont pas tous le même niveau de taxation : le tabac à rouler est moins taxé par exemple que les cigarettes industrielles. Objectif ? Empêcher les transferts de consommation et prévenir l’entrée des non-fumeurs, particulièrement des jeunes.

 Même si l’on peut invoquer l’argument – quand même repris par Le Figaro – d’une explosion du commerce illicite (contrebande, contrefaçon e) avec un tel niveau de fiscalité.  Le débat ne fait que commencer.

•• De son côté, Les Échos relaie aussi le message de l’Alliance contre le Tabac, dans un article signé Pauline Vergne. Extraits.

L’Alliance contre le tabac est inquiète, commente donc Les Échos. Après plusieurs hausses successives du prix du tabac, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a promis aux buralistes qu’aucun nouvel alourdissement ne serait voté en 2021. De quoi anéantir les espoirs de cette fédération d’associations, qui souhaite voir le prix du paquet de cigarette passer progressivement à 15 euros d’ici 2025. « Cela nous semble être le reflet d’un manque de prise de conscience quant à l’importance d’une telle mesure pour lutter contre le tabagisme », alerte la directrice de l’Alliance contre le tabac Marion Catellin, qui demande au gouvernement de revoir sa copie.

En s’appuyant sur les études de l’OMS, l’Alliance contre le tabac estime que l’augmentation de la fiscalité du tabac est l’un des leviers les plus efficaces pour freiner le tabagisme, notamment chez les jeunes, qui sont chaque année entre 4 000 et 5 000 à commencer à fumer. En 2018, 39,8 % des anciens fumeurs affirmaient que l’augmentation des taxes avait au moins en partie motivé leur arrêt du tabac, selon Santé Publique France.

« Pour que l’augmentation de la fiscalité du tabac soit efficace, celle-ci doit être forte, mais surtout régulière », souligne Gérard Audureau, président de l’association Droits des non-fumeurs.

Selon un sondage mené au mois de novembre auprès de 1 000 Français par Alliance contre le tabac, 61 % d’entre eux se disent favorables à une hausse de la taxation du tabac. Côté fumeurs, la mesure est évidemment moins populaire : ils ne sont que 27 % à partager cet avis (…)

Pour éviter les effets de transfert de la consommation, l’Alliance contre le tabac appelle à réviser les niveaux de taxation sur l’ensemble des produits, le tabac à rouler étant encore aujourd’hui moins taxé que les cigarettes par exemple. Elle tire tout particulièrement la sonnette d’alarme quant à la tentation de réduire les taxes sur le « tabac à chauffer » destiné aux cigarettes électroniques en les présentant comme des outils de sevrage. « Il faut être particulièrement vigilants sur ces nouveaux produits, spécialement pour protéger les jeunes générations très attirées par cette offre », juge le président d’Alliance contre le tabac, Loïc Josseran.