Les grands principes de la santé publique doivent prévaloir sur tout. Mais quand ces grands principes deviennent les axes d’une habile politique marketing, c’est mieux, surtout aux États-Unis.
Nous savons que depuis près de deux mois, CVS, la deuxième chaîne de drugstores américaine (7 600 points de vente), a cessé de vendre des cigarettes dans tout son réseau. Non sans beaucoup de communication (voir Lmdt du 4 septembre). Alors que son concurrent, Walgreens (8 300 points de vente), a maintenu ses rayons tabac (voir Lmdt du 9 février). Le manque à gagner pour CVS ? 2 milliards de dollars de ventes par an. Mais cette « perte citoyenne » est en fait réinvestie dans un nouveau positionnement global « 100 % santé » qui peut s’avérer hautement plus profitable. Le militantisme « anti-tabac » devenant, dés lors, un outil promotionnel. Comme en témoigne un reportage du magazine spécialisé LSA.
Nouveau nom « corporate » : Groupe CVS Health. Lancement d’une grosse campagne de promotion « Let’s quit together ». Avec développement d’un concept-store « militant ». CVS incitant visuellement, dans ses drugstores (qui vendent aussi bien des médicaments que des sodas ou des produits d’entretien), ses clients à arrêter de fumer …
Pour preuve, ces trois points de vente dans le « down town » de San Diego (en Californie, Etat « healthy » par excellence mais où la cocaïne n’a jamais fait autant de ravages, soit dit en passant). Le parcours du client est parfaitement balisé : affiches de la campagne anti-tabac à tous les accès, totems avec dépliants spécifiques à emporter. Alors que les anciens linéaires « tabac » sont remplacés par une offre nourrie de substituts et de superbes messages de prévention. Un bon cas d’école de reconversion marketing.
Cela dit, il est arrivé, dans maints échanges avec les pouvoirs publics, que la Confédération évoque la possibilité de confier aux buralistes la vente de substituts nicotiniques avec l’implantation de « corners prévention » dans certains grands points de vente. Des propositions qui ont fait long feu devant l’apathie des interlocuteurs (« quelle bonne idée, mais c’est compliqué … »). Ce qui serait plus pertinent que l’imposition autoritaire – et unilatérale par rapport à nos voisins européens – du paquet neutre (générique).