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13 Sep 2022 | International, Observatoire
 

Depuis fin août et pour un mois, les candidats à une licence pour vendre du cannabis dans les rues de New York et des villes de l’État peuvent déposer leur dossier, moyennant 2 000 dollars. Avec pour principe inédit de favoriser ceux ayant été condamnés (ou leur famille proche) pour détention de marijuana (voir 8 septembre 2022) : très majoritairement des Afro-Américains et des Hispaniques.

Précisions de la correspondante des Échos.

« On fait ce qu’aucun autre État n’a essayé : lancer une industrie avec ceux qui ont le plus souffert de la prohibition injuste du cannabis », a rappelé le jour de l’ouverture des candidatures Chris Alexander, directeur exécutif du Bureau de gestion du cannabis (OCM) de l’État de New York.

•• Le cadre a été posé il y a 18 mois, avec la loi sur la réglementation et la taxation de la marijuana (MRTA). Elle a autorisé de facto la consommation et la détention pour usage personnel, mais elle a surtout défini les règles à venir pour « la production, l’octroi de licences, le conditionnement, la commercialisation et la vente du cannabis ».

Et tout se met en branle : pour s’assurer que la production sera bien « made in New York », plusieurs centaines de licences de culture de la plante ont déjà été attribuées depuis le printemps à des producteurs locaux. Des licences pour transformer le cannabis ont aussi commencé à être allouées, et d’autres suivront au fil des mois pour distribuer ou livrer la marijuana et ses dérivés.

•• New York sera potentiellement l’un des plus gros marchés : il était évalué entre 1,7 et 3,5 milliards de dollars par an, selon l’étude d’impact de la loi publiée en 2018. Les pouvoirs publics espèrent ainsi faire entrer 1,3 million de consommateurs dans le marché légal, soit 8,5 % de résidents de plus de 21 ans, plus des touristes, selon leurs estimations.

Avec les objectifs sociaux affichés par l’État de New York, l’enjeu industriel va être de bâtir une filière à partir de petites entreprises – et pas seulement des prête-noms – plutôt qu’avec des grands acteurs déjà organisés. Pour favoriser l’écosystème local, l’intégration verticale de la production à la vente au détail est d’ailleurs prohibée et le nombre de licences attribuable à un même acteur est plafonné.

•• L’objectif de l’administration serait d’ouvrir au moins un « dispensaire » de vente d’ici la fin de l’année, et d’« identifier » 150 sites possibles d’ici mi-2023, selon un expert du secteur. Les locaux doivent de fait être trouvés et fournis par un fonds d’investissement public, doté de 200 millions de dollars.

La légalisation du cannabis doit rapporter de l’argent à l’État de New York. L’an dernier, ce sont près de 3 milliards de dollars de taxes qui ont été levés dans les États ouverts au cannabis, soit environ la moitié des taxes collectées sur le tabac, selon l’Institute on taxation and economic policy (voir 4 avril 2021).

Avec une consommation moyenne de 140 à 220 grammes par personne et par an, les recettes annuelles prévues par New York lors de l’étude d’impact évoluaient entre 250 et 680 millions de dollarsPhoto : Forbes