Aujourd’hui, l’essentiel de la contrebande et de la contrefaçon s’écoule sur Internet, à l’abri des regards. Tabac à chicha, cigarettes, vêtements, maroquinerie … tout s’achète sur les réseaux sociaux, où les offres pullulent. Face à ce phénomène, les pouvoirs publics s’en remettent aussi à un nouveau genre d’enquêteur : des robots.
Détective numérique : la traque 2.0 voilà ce que propose notamment Webdrone. Cette petite société parisienne comptant 25 salariés a été créée en 2011 par deux ex-enquêteurs spécialisés dans la cybercriminalité. Et aujourd’hui la justice tout comme les plus grandes marques font appel à leur technologie. Reportage dans Le Parisien.
•• Webdrone, précurseur et leader sur ce marché, intervient avec son armée de faux profils sur la plupart des sites de vente ou des réseaux sociaux (Leboncoin, Facebook, eBay, Snapchat…).
Ces dizaines de « bots » (robots) à l’intelligence artificielle très développée, traquent les vendeurs de produits contrefaits grâce à des mots-clés ou des images préenregistrées. « On doit constamment s’adapter aux nouvelles abréviations utilisées par les vendeurs, aux fautes d’orthographe, au verlan, aux nouveaux emballages, afin de ne pas rater un texte ou une image », reprend Didier Douilly, l’un des fondateurs.
Ils parviennent ainsi à dresser un tableau global du recel et de la vente de produits de contrebande ou de contrefaçon sur le Net. Ces robots gèrent aussi parfaitement les interactions avec les vendeurs.
•• Aujourd’hui, l’entreprise parisienne travaille pour plusieurs grandes marques, notamment les cigarettiers : « Avec le confinement une partie de la vente à la sauvette de cigarettes à la sortie des stations de métro ou de RER a basculé sur Internet, décrypte un grand manufacturier de tabac. C’est livré directement chez le consommateur à 30 euros la cartouche au lieu d’une centaine. Et après la fin du confinement, l’activité sur le Net n’a pas ralenti. Au contraire. »
Pour les cigarettes par exemple, sur le Web, la marchandise s’écoule par cartons ou cartouches et non au paquet. « Les gens qui rapportaient des cigarettes en avion de leurs vacances ou en voiture de leur passage dans un pays frontalier ont dû trouver une autre méthode pour fumer moins cher en 2020 avec la pandémie », reprend-on chez le plus grand cigarettier du monde, qui reconnaît profiter de la technologie de Webdrone.
•• Leurs signalements ont souvent permis de démanteler des réseaux. L’une de ces enquêtes ayant pour point de départ les renseignements de la start-up parisienne vient d’aboutir à plusieurs condamnations du côté de Lyon pour un trafic estimé à près de 12 tonnes de tabac durant les dix mois d’investigation (voir 15 février et 13 mars).
L’affaire lyonnaise a démarré grâce à l’intelligence artificielle d’un « bot » qui échange avec un vendeur et intègre un groupe de discussion. Les comptes des membres de ce réseau qui proposent de la marchandise ayant été pris en photo, les numéros de téléphone et les renseignements essentiels sur les profils ont ainsi été recueillis avant d’être transmis à la police.