Dans l’île, le chiffre d’affaires du PMU par habitant est quasiment le double de la moyenne nationale. En 2023, 78 millions d’euros ont été mis en jeu par les parieurs insulaires. Reportage du Point.
Les instances du PMU n’hésitent jamais à chouchouter la Corse, car elles savent combien les insulaires aiment miser sur les chevaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « on parle de 70 points de vente et de près de 1 million d’euros de chiffre d’affaires par point de vente », expliquent les services du PMU.
« Cela représente environ le double de ce que l’on observe sur le continent. »
•• En 2023, pas moins de 78 millions d’euros ont été mis en jeu par les parieurs insulaires. Selon la fédération corse des courses hippiques, l’île se place même en tête des régions de France en termes de chiffre d’affaires par habitant : 143 euros en Corse, contre 79 euros pour la moyenne nationale.
« Le panier moyen par joueur est plus élevé, observent les communicants du PMU. Il est de 12 euros sur le continent, lorsqu’en Corse il se situe plutôt autour des 16 euros. » L’an dernier, plus de 56 millions d’euros de gains ont été versés aux parieurs corses. Tout récemment encore, le 13 septembre, un joueur du village de Coggia (Corse-du-Sud) a remporté le jackpot : 190 400 euros au Quinté+.
•• Cet attrait des Corses pour les paris hippiques ne doit rien au hasard. Il puise ses racines dans une « passion très ancienne pour les courses et les chevaux » estime Béatrix Andreani, présidente de la fédération corse des courses hippiques, « les Corses ont toujours aimé jouer. Il y a quelque chose qui relève de la tradition. »
Dans une étude ethnologique parue en 1887, Maximilien Bigot en faisait déjà le constat : « Les Corses sont des joueurs invétérés et aiment les jeux d’argent. » Pendant les parties de cartes, ajoutait ce juge de paix, « chaque joueur [gardait] une arme à portée de main, pistolet ou poignard, bien en vue afin d’inciter chacun à respecter scrupuleusement les règles. »
Un siècle et demi plus tard, les habitants de l’île sont toujours aussi férus de jeux. Dans son analyse annuelle du marché des jeux d’argent et de hasard en France, l’Autorité nationale des Jeux souligne que l’île fait partie, en 2023, des trois régions où l’on retrouve la plus forte densité de joueurs en paris hippiques, en paris sportifs et en poker.
•• Pour entretenir l’esprit des courses, c’est surtout au cœur des hippodromes que tout se joue. La Corse en compte quatre, dont le plus prisé est celui de Viseo (photo), sur les contreforts de Zonza (Corse-du-Sud), connu pour être le plus haut d’Europe.
L’été, jusqu’à 2 000 parieurs s’y retrouvent, à près de 1 000 mètres d’altitude, au pied des aiguilles de Bavella, pour vivre au rythme des sabots, le temps d’un meeting. Inauguré en 1928, cet hippodrome est tout un pan de l’histoire hippique insulaire, avec sa piste de 950 mètres en herbe. (Voir 30 avril 2024).