Malgré les difficultés liées à la pandémie du coronavirus, les fabriques de cigares à La Havane tournent à plein régime. Pour l’île, le secteur du tabac est d’une importance cruciale, d’autant plus en cette période de crise économique, aggravée par l’arrêt de l’activité touristique et les difficultés d’importation. Reportage de RFI dans la fabrique de H. Upmann.
90 millions de puros, c’est le plan de production de tabac pour 2020 et il doit être respecté malgré tout. Dans le quartier de Centro Habana, l’un des plus densément peuplés et épicentre de l’épidémie dans la capitale, se trouve la fabrique de H. Upmann.
On y entre en se lavant les mains et les chaussures avec une solution chlorée et avec un masque (…) Ici, seule une trentaine de personnes ont été mis à l’isolement par mesure de précaution (comme 1 050 travailleurs du secteur dans tout le pays).
•• « Il y a eu une baisse de personnel, parce que nous avons décidé d’isoler les personnes vulnérables : ceux qui souffrent de maladie chronique, les camarades de plus de 60 ans et les mères aussi qui n’ont personne pour garder leurs enfants. Leur salaire est garanti » explique le secrétaire syndical de la fabrique, Falconery Rodriguez Modoy. « Alors bien évidemment nous avons eu une baisse de la production, mais ce n’est déjà plus le cas. Les travailleurs se surpassent et dépassent leur plan de production ».
Dans la grande salle sont alignées les centaines de tables des rouleurs de tabac. Une sur deux est occupée pour respecter les mesures de distanciation. Les transports publics étant à l’arrêt depuis deux mois, les employés sont récupérés en bus chaque matin dans leur quartier.
•• Malgré les difficultés économiques du pays et les fréquentes pénuries alimentaires liées aux difficultés d’importation, le directeur général de H. Upmann, Robinson Tamayo Gonzalez, veut rassurer les fumeurs de havanes, il n’y aura pas de pénurie.
« Actuellement nous produisons ici 9 000 cigares par jour, alors qu’habituellement nous en produisons 12 000. Le plan de production se maintient, c’est notre engagement de produire 2,5 millions de cigares cette année, malgré le coronavirus » assure-t-il, « les exportations aussi se maintiennent, même s’il n’y a plus de liaisons aériennes nous avons trouvé des alternatives et le tabac s’exporte aujourd’hui ».
•• Fondée en 1844, ni la grippe espagnole de 1918, ni le coronavirus en 2020 n’auront arrêté la production de l’emblématique fabrique. Mais dans ce contexte de crise mondiale post-coronavirus, les ventes et les exportations risquent de subir un fort ralentissement. Voir aussi 18 avril.