Épisode 28 de notre revue de presse régionale de témoignages de buralistes (voir 13, 12 et 11 avril).
•• « Je n’ai jamais autant travaillé que maintenant ! » assure Olivier Martin, président des buralistes de Sambre-Avesnois. Devant le bar-tabac qu’il gère à Hautmont (à 7 kilomètres de Maubeuge ), les files s’allongent. « J’ai souvent une dizaine de clients qui font la queue. Depuis la fermeture de la frontière, j’ai doublé mes ventes de tabac ». De quoi compenser en partie la dégringolade de ses autres activités commerciales.
Tous les buralistes de Sambre-Avesnois constatent ce phénomène et certains ont même du mal à satisfaire la demande.
•• « Nos ventes de tabac ont augmenté de 30 %. On ressent jusqu’ici l’effet de la fermeture des frontières. On peut l’expliquer que comme ça. Les gens achètent beaucoup en volume » constatent deux buralistes associés d’un bar-tabac-presse à Villeneuve-lès-Avignon (Gard).
Leurs clients achètent plus de journaux également. « Avec ça, on absorbe toutes les charges mais niveau rémunération, va falloir chercher ailleurs », poursuit l’un. Malgré tout, la fréquentation est stable : entre 350 et 450 clients se rendent dans leur établissement chaque jour.
Ils ont ressenti l’angoisse de certains : Ils en ont vu taper leur code de carte bleue avec leur phalange au lieu du doigt, d’autres leur ont demandé de prendre eux-mêmes leurs paquets de cigarettes en rayon ou ont encore refusé d’acheter une cigarette électronique car la mise en service nécessite une manipulation (Objectif Gard).
•• Dans le bar-tabac de Vernoil-le-Fourrier (à une vingtaine de kilomètres de Saumur, Maine-et-Loire), les tables ont disparu pour laisser place aux présentoirs de légumes et autres consommables, en cette période de confinement.
« Des producteurs se sont présentés à moi, et j’ai accepté sans hésiter pour vendre leurs produits et les aider afin de leur éviter de grosses pertes. Le café est bien sûr fermé, mais le relais Poste et le tabac sont ouverts. Les clients peuvent trouver des légumes de Vernantes et Vernoil, des fleurs de Vivy, des chocolats de nos chocolatiers locaux » explique la buraliste qui n’ouvre que le matin.
« Les clients adorent ce principe. Ils savent que tous les matins, des légumes frais les attendent. Certains passent commande et on prépare les paniers afin d’éviter l’attente … J’aime bien ce changement d’activités, j’y avais pensé. Le bar reprendra quand le Gouvernement le décidera, j’ai maintenu mes deux salariés. Nous avons de quoi nous occuper » (Ouest-France).
•• Ce samedi, à Houplines (Nord), les clients continuaient, à midi, de faire la queue devant le bar-tabac, alors qu’à 3 kilomètres, au Bizet (Belgique), la rue principale était déserte. « Vous avez du tabac en pot ? Et des tubes, vous en avez aussi ? Le paquet de Marlboro, il coûte combien ? ».
« Aujourd’hui, je vois revenir des gens tout penauds … ça nous faire revenir 20 ans en arrière, cette histoire » commente le buraliste, aux commandes depuis 27 ans.
Pas très loin, à Armentières, la pompe à bière est également au repos forcé, mais les clients font aussi la queue sur le trottoir. « Le PMU, c’est zéro ; la presse, c’est moins 80 % ; les colis, c’est entre plus 150 et 200 % et les pots à tabac, c’est plus 200 % » égrène le patron.
Mais, à raison d’une livraison de cigarettes par mois, il redoute la rupture de stock et a dû réduire ses horaires d’ouverture. (La Voix du Nord).
•• « N’en déplaise aux non-fumeurs, les buralistes sont des prestataires de service d’utilité publique. Je n’ai pas l’habitude de quitter le navire quand il coule » assure la patronne d’un tabac-presse installé dans un centre commercial de Bastia.
Dès l’annonce du confinement, elle a laissé le choix à ses trois employées, toutes mères de famille, de continuer à travailler ou non. Toutes ont tenu à rester : « cesser de travailler ce n’était même pas envisageable. Pendant cette période on n’est pas là pour gagner de l’argent. Même seule j’aurais ouvert, ça aurait été compliqué mais je l’aurais fait pour mes clients » assure la buraliste qui a déployé des mesures de sécurité pour ses employées : mise à disposition de gel hydro-alcoolique, gants.
Et après une journée de recherche, elle a trouvé des visières de protection destinées aux électriciens (Corse Net Infos).
•• Le patron de ce tabac-presse de Décines-Charpieu (dans la banlieue lyonnaise, Rhône) avait bien l’intention de fermer . Mais par respect pour sa clientèle fidèle, il a décidé de rester malgré tout ouvert, en renforçant les mesures de sécurité au maximum : pas plus de deux clients à la fois à l’intérieur, bandes signalétiques devant l’entrée pour respecter les distances, gel hydroalcoolique à disposition de la clientèle…
En attendant dans la même avenue, où il compte bien se transférer au mois de juin si les travaux peuvent reprendre à temps, pas question de baisser les bras : « nous sommes bien réapprovisionnés en cigarettes et nous serons ouvert, mais par plages horaires. Nos clients qui verront notre rideau levé, savent qu’ils seront les bienvenus, en attendant mieux » (Le Progrès).