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6 Avr 2020 | Profession
 

Fin de semaine 3 de confinement et nouvelle revue de presse régionale (épisode 19 / 5 et 4 avril) des buralistes sur le terrain : entre stress et coup de chauffe)

•• À Pierrefeu-du-Var (6 000 habitants, à une quinzaine de kilomètres d’Hyères), on s’estime plus dans du service à la population que dans du commerce : « la fermeture du bar est une perte sèche. La vente de tabac et des jeux limitent les dégâts mais il ne faudrait pas que cela dure », d’après Sébastien Bigotte du bar tabac La Fontaine. « Nous avons adapté nos horaires. Nous sommes là plus pour rendre service. »

• Son collègue Guillaume Rivière reconnait qu’il « est là juste pour rendre service. Mon chiffre d’affaires est catastrophique, le bar est fermé et je ne fais pas 20 % de ce que je fais d’habitude sur le tabac. Pour le Loto c’est encore pire, quant aux jeux de grattage je les ai arrêtés. Je trouve inadmissible que des personnes se déplacent tous les jours pour venir acheter un ticket. Comme tout le monde, je suis inquiet pour ma santé. » (Var-Matin).

•• Sur la douzaine de buralistes recensés à Castres (Lot), un seul a fermé par mesure de sécurité sanitaire. « Moins de fréquentation, les clients viennent principalement pour le tabac et achètent davantage, 4 à 5 paquets ou une cartouche. J’ai surtout remarqué le bon comportement des gens, ce n’est pas plus mal ? si cela pouvait continuer comme ça ! » constate l’un d’eux.

• « C’est rentré dans les mœurs » confirme un confrère, où les coloriages pour les tout-petits et les romans en librairie sont prisés. Les jeux fléchés ou mots croisés ont du succès, « pour passer le temps, juste pour se vider l’esprit » soulignent les professionnels, « mais les gens commencent à en avoir assez de cette situation, vivement que cela s’arrête, c’est toujours la même musique qu’on entend ! ».

•  Côté jeux, « c’est mou, très mou, mais cela ne me gêne pas, les gens ne traînent plus dans le magasin ! » constate un autre.

• Au cœur de la crise sanitaire, les buralistes conservent le lien singulier avec leurs clients : « les gens aimeraient rester pour papoter, on le ressent bien. Mais nous sommes obligés de les presser car d’autres attendent dehors. Pour beaucoup, nous sommes leur seul lien social, on ressent ce besoin et c’est assez compliqué du coup ! » (La Dépêche.fr).

•• Actuellement, le chiffre d’affaires de ce buraliste de Forbach (Moselle, à la frontière allemande) est multiplié par quatre environ. Cette nouvelle clientèle n’est pas sans poser des problèmes d’organisation. « On essaie de faire respecter au maximum les mesures barrières, avec pas plus de deux personnes à l’intérieur, et l’on se désinfecte les mains très régulièrement ». Du coup, à l’extérieur, les files d’attente s’allongent …

Le client est là, mais encore faut-il avoir du stock. « Nous sommes livrés tous les quinze jours, mais l’on pouvait encore avoir des approvisionnements de dépannageCe n’est plus le cas. Il faut que nous allions les chercher nous-même dans un dépôt à Nancy. »

Il a déjà fait trois allers-retours depuis la dernière livraison. Et même s’il est muni d’attestations permettant de faire des courses professionnelles et d’une attestation fournie par la société, il craint les contrôles : « c’est sûr que lorsque l’on voit une voiture remplie de cartons de cigarettes, c’est plutôt suspect … » plaisante-t-il.

Autre flux ininterrompu, celui de personnes « qui cherchent des timbres. Avec les fermetures des postes, nous sommes dévalisés » et contrairement aux cigarettes, « nous avons beaucoup de difficultés à être approvisionnés » (Le Républicain Lorrain).

•• « Le début du confinement a été très difficile. Nous avons rapidement manqué de tabac, il y a eu de la panique pour les gros fumeurs, du stress. Nous sommes à la fin d’une chaîne de distribution et nous dépendons des fournisseurs. Il y a aussi eu quelques réflexions désobligeantes, de l’incompréhension. J’ai pris un « coup de sang » et j’ai voulu fermer » confie une buraliste de Caluire-et-Cuire (limitrophe à Lyon, Rhône). Mais son employée lui fait comprendre que ce n’était pas la bonne solution.

« Nous essayons d’avoir une oreille attentive envers chacun. Nous avons réconforté certaines clientes en pleurs après des altercations dans d’autres commerces. Comme nous, certains subissent l’agressivité due au stress, à la tension ambiante. Heureusement, nous avons de belles attentions de la part d’autres clients, de l’écoute, des mots gentils. Certains nous offrent des viennoiseries et cela nous touche profondément » (Le Progrès).

•• Habitués du comptoir au petit matin, ouvriers pressés du midi, parieurs de l’après-midi … confinés. Depuis mardi 17 mars, le bar-restaurant-tabac-presse de Courtomer ( 700 habitants à 30 kilomètres d’Alençon, Orne) semble comme plongé dans une semi-léthargie. Ne subsistent que la vente de cigarettes et de journaux.

Une fois la panique et l’excitation de l’annonce du confinement passées, la clientèle a stocké du tabac. Les clients (environ 70 contre 350 en temps normal) se font de plus en plus rares.

Les magazines de chasse et d’automobile se vendent encore bien, tout comme la presse parisienne, prisée des Parisiens confinés dans leur maison de campagne : « comme le réseau 3G ne passe pas bien, ils achètent des magazines pour s’occuper » explique le buraliste, « les anciens restent chez eux. À la campagne, les gens souffrent moins du confinement que dans les villes. Ils ont des jardins pour prendre l’air ».

Le quinquagénaire, ancien métallurgiste, a dû mettre au chômage partiel deux employés.  Son comptable lui conseille de réclamer la suspension de ses crédits professionnels pour six mois. Pour le moment, la banque traîne des pieds. Mais il ne veut pas se plaindre, il sait que la période est encore plus rude pour bien des commerces, « certains commerçants ne rouvriront tout simplement pas » (Le Point).

•• Depuis son bureau de tabac à Bordeaux (Gironde), ce buraliste – alias « Le Buréaliste – filme des saynètes de notre quotidien confiné. Ce fin observateur du quotidien publie chaque jour des vidéos, des chroniques de son comptoir de buraliste.

« En fait, j’ai toujours aimé observer. Dans ce bureau de tabac, je suis à un poste d’anthropologie avancée, j’y vois des malades, des chauffeurs de bus, des soignants, des policiers, toute la ville » estime l’ancien acteur culturel.

Deux comptes Facebook – « Le Coin éclateur » et « Le Buréaliste » – qui cumulent plus de 500 abonnés et un blog. Les trois recensent chroniques, vidéos, dialogues, photos, etc. « Ça a de la valeur d’observer le quotidien … Mais ces petits films m’ont permis de réenchanter mon ordinaire » (Sud-Ouest).