Et le nom du dossier fera rêver plus d’un amateur de cigares : Cohiba.
En fait, le litige oppose Cubatabaco (le pilier cubain de Habanos SA qui fabrique et exporte la totalité des cigares cubains) et l’américain General Cigar (filiale de Scandinavian Tobacco Group, STG). Dans un long bras de fer.
Il se trouve qu’en 1966, les Cubains avaient lancé avec grand soin, à partir de la célèbre fabrique El Laguito située dans un charmant quartier périphérique de La Havane, le nom Cohiba, faisant référence à la façon dont les indiens Tainos désignaient les feuilles de tabac qu’ils roulaient (voir 11 septembre 2022).
Sachant que le non moins célèbre Lancero de Cohiba était réputé comme le cigare préféré de Fidel Castro.
•• En 1976, General Cigar lance un Cohiba (fabriqué en République dominicaine) dont il dépose la marque seulement sur le marché américain … auquel les Cubains ne peuvent avoir accès pour cause d’embargo depuis 1962.
D’où un conflit juridique très long (lancé en 1997) et à multiples étapes (voir 25 février 2015). Dont l’issue était moins prévisible que les fortunes versées en honoraires aux cabinets d’avocats ou le chiffre d’affaires réalisé pendant ces longues années avec l’exploitation du nom Cohiba sur le marché américain.
•• L’épilogue serait arrivé. S’appuyant sur une convention interaméricaine remontant à 1929, le tribunal du bureau pour la protection du commerce et des marques américain (Trademark Trial and Appeal Board / TTAB) a tranché. General Cigar ne peut plus utiliser la marque Cohiba. Et les Cubains peuvent déposer la marque en leur nom sur le marché américain … même s’ils ne peuvent le commercialiser, l’embargo étant toujours en vigueur.
Un recours de General Cigars est attendu. Et les civettes américaines n’ont pas de délais pour écouler leurs stocks. Pour la petite histoire, General Cigar était – avant la révolution cubaine et ses expropriations – le propriétaire de marques comme Partagas et Hoyo de Monterrey.