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27 Fév 2022 | Observatoire
 

Agriculteur, rapporteur de la mission parlementaire sur l’usage du cannabis, le député (LREM, Creuse) Jean-Baptiste Moreau a fait du CBD l’un de ses chevaux de bataille (voir 5 mai 2021 et 22 novembre 2020). 

Entretien avec le Huffpost avant le Salon international de l’Agriculture. Extraits …

« Je ne sais pas s’il y aura des stands de CBD. Je ne crois pas que ce soit prévu, mais je n’en sais rien. Aujourd’hui, ce qui est sûr c’est qu’il est possible d’en vendre et d’en produire ». 

• L’arrêté du 30 décembre 2021 interdisant la vente des feuilles et fleurs de chanvre chargées de la molécule non-psychotrope du cannabis a soulevé de nombreuses interrogations. Le Conseil d’État a ensuite jugé cette interdiction illégale (voir 25 janvier 2022). Comment l’avez-vous vécu? En avez-vous parlé au Président de la République ?

J-B. M : Oui ! On m’avait consulté sur ce sujet, je leur avais dit que le décret n’était pas conforme au droit européen et que le premier qui intenterait un recours au Conseil d’État gagnerait. Et c’est ce qui s’est passé! L’interdiction de la fleur ne se justifie en rien, d’un point de vue sanitaire ou même sécuritaire.

Maintenant, le problème, c’est qu’on est toujours dans une incertitude juridique. Aujourd’hui vous avez le droit d’extraire de la fleur du CBD avec des taux THV maximums de 0,3%. On a le droit de commercialiser la fleur mais il faudrait un cadre plus précis si on veut que des investisseurs mettent le paquet pour créer une filière française.

Dans 22 pays sur 27, c’est très clair, la législation a évolué. Donc c’est un peu dommage de rester bloqués sur des espèces de dogmes qui n’ont rien à voir avec le réel.

Comment les exploitants ont-ils vécu ces retournements de situation ?

J-B. M : Difficilement. Pour l’industrie, ça ne pose pas de problème, car elle pouvait mettre en place les choses. Mais pour les agriculteurs pour qui cultivent la fleur, la vente de la fleur brute, c’est 60 % des ventes. Donc se priver de 60 % des ventes, ça obère sérieusement la rentabilité de la filière. 

• La crise sanitaire a-t-elle été un tremplin pour le CBD ?

J-B. M : Non, la mode date d’avant cela, il y a 3-4 ans. Ça n’a rien à voir.

• Certains considèrent le CBD comme les prémices de la légalisation du cannabis tout court: pensez-vous qu’il faille aller jusque-là ?

J-B. M : Je n’avais pas d’avis avant d’effectuer cette mission parlementaire et elle m’a convaincu qu’il fallait aller vers la légalisation. Mais ce sont deux sujets bien distincts qui n’ont rien à voir. Les opposants, justement, au CBD aujourd’hui prennent comme prétexte et mélangent ça avec le récréatif. Mais ce sont deux dossiers qui n’ont rien à voir.

• Est-ce que, selon vous, le Gouvernement a évolué sur la question ?

J-B. M : Oui, clairement. Au départ, quand j’ai commencé à travailler dessus il y a 3 ans, c’était plutôt des ricanements au nez, y compris sur le thérapeutique. Mais petit à petit, grâce au travail qu’on a accompli et au soutien de certains collègues comme Olivier Véran, cette mentalité a évolué. Aujourd’hui, on va vers un vrai marché du cannabis. Ça évolue , pas assez vite à mon goût, mais ça évolue.