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26 Nov 2024 | Profession
 

Le syndicat « Casinos de France » a ouvert un nouveau front contre la Française des Jeux en s’attaquant au service de paiement Nirio, proposé dans de nombreux points de vente partenaires de la FDJ.

Selon Les Échos (du 25 novembre), les casinotiers se sont fendus d’un courrier à l’Autorité nationale des Jeux (ANJ), en début de semaine dernière, pour dénoncer une publicité Nirio qui « semble contrevenir aux dispositions du code de la sécurité intérieure et aux lignes directrices » du régulateur. En cause, un slogan : « Pour faire des économies, mettez-vous dans le rouge ». 

« Il est curieux qu’un groupe opérateur de jeux d’argent, qui a le devoir de protéger les joueurs (…), joue sur une telle ambiguï », est-il écrit dans la lettre signée de Grégory Rabuel, président de « Casinos de France » (voir 23 septembre) et par ailleurs directeur général du groupe Barrière. Selon lui, cette publicité « pourrait inciter indirectement les joueurs à des comportements financiers irresponsables »

•• Interrogée, la FDJ juge « injustifiée » cette accusation. « Aucun rapprochement avec la pratique du jeu n’a été fait. Et il n’y a aucun lien entre les fonctionnalités du produit compte et carte et les activités de jeux d’argent du groupe » fait-elle valoir.

La mention « mettez-vous dans le rouge » concernait le visuel de la carte (de couleur rouge) et n’était qu’un jeu de mot visuel. Cette publicité n’entend, en aucun cas, inciter des usagers à des comportements financiers irresponsables ». Elle rappelle, en outre, que la carte de paiement comprise dans l’offre Nirio « est une carte Visa à autorisation systématique qui ne permet pas de découvert bancaire, et donc d’avoir un compte débiteur ».

•• Mais ce slogan apparaît surtout comme un prétexte pour dénoncer un « problème plus profond » du point de vue des casinos, qui accusent la Française des Jeux de se servir de son monopole sur la loterie et les paris sportifs physiques pour proposer des services bancaires.

« La FDJ brouille les frontières entre gestion financière et accès aux jeux d’argent, poursuit le texte. Permettre aux consommateurs de gérer leurs finances et, dans un même lieu, de parier, c’est encourager implicitement des comportements à risque. »

Tout en soulignant que la marque Nirio appartient à une filiale de la FDJ (FDJ Services), l’entreprise « rappelle qu’il est licite qu’une entreprise titulaire d’un monopole légal puisse entrer sur un ou des marchés relevant de secteurs concurrentiels, cette situation s’étant présentée à de nombreuses reprises ». 

Dans sa missive, « Casinos de France » appelle l’ANJ à « rappeler à la FDJ ses obligations en matière de communication publicitaire, mais aussi à encadrer plus strictement les initiatives comme Nirio ». Contacté, le régulateur confirme avoir reçu le courrier et « étudie actuellement les suites à apporter ».

•• Ce n’est pas la première fois que les casinotiers s’en prennent au groupe dirigé par Stéphane Pallez. En janvier dernier, les principaux acteurs du secteur avaient déjà pris leur plume pour se plaindre auprès du Premier ministre de « distorsion de concurrence ».

En clair : grâce aux confortables revenus issus de ses droits exclusifs, la FDJ serait mieux armée pour effectuer une percée sur les marchés ouverts à la concurrence. Avec en toile de fond la possible ouverture à la concurrence du casino en ligne, qui inquiète au plus haut point la profession.

Celle-ci estime notamment que l’acquisition de Kindred (voir 4 octobre) – un poids lourd du casino en ligne en Europe – par la FDJ a été rendue possible par sa position monopolistique. Et craint que l’organisateur du loto négocie en coulisse un nouveau monopole sur cette activité – ce que ce dernier dément formellement.

Pour rappel, une concertation entre tous les acteurs de la filière est en cours sur ce dossier, à l’initiative du Gouvernement (voir 20 novembre). La Française des Jeux a quant à elle exprimé son opposition à une ouverture du marché à la concurrence.