Seita réagit à la campagne d’Alliance contre le tabac « Pouvoir de vivre », accusant l’industrie de « s’enrichir au détriment des personnes les plus modestes » (voir 10, 11 et 12 janvier) et tient à préciser certains points.
1• Quel est le chiffre d’affaires du tabac en France en 2022 ?
Le marché du tabac en France était de 20,4 milliards d’euros en 2022 et se décompose comme suit :
• 17,14 milliards d’euros reviennent à l’État sous forme de taxes
• 2,04 milliards d’euros aux buralistes
• 1,21 milliard d’euros aux industriels du tabac.
Il y a donc confusion volontaire de la part d’Alliance contre le Tabac / ACT entre marché en valeur et chiffre d’affaires de l’industrie.
2• Comment se décompose le prix d’un paquet de cigarettes en France en 2022 ?
Le prix d’un paquet de 20 cigarettes acheté 10 euros chez un buraliste comprend :
• 8,40 euros de taxes (droit à la consommation et TVA)
• 1,04 euro de recettes pour le buraliste
• 0,56 euro de recettes pour les industriels (fabricant et logisticien)
3• Quelles sont les raisons de l’augmentation du prix du tabac en France ?
Depuis 2017, le prix d’un paquet de cigarettes a augmenté de 50 %, faisant passer le prix d’un paquet de 6,80 euros à 10,20 euros en moyenne. Ces hausses sont le résultat de la stratégie de lutte contre la prévalence tabagique décidée par les pouvoirs publics, sur demande expresse des associations telles qu’Alliance contre le Tabac. Les industriels du tabac n’ont fait que répercuter ces hausses de taxes sur le prix de vente.
Pour rappel, entre 2017 et 2022, les recettes fiscales générées par les produits du tabac sont ainsi passées de 14,98 milliards d’euros à 17,14 milliards d’euros, soit une hausse de 14,41 %. Le chiffre d’affaires des fabricants a, quant à lui, baissé, passant de 1,36 milliard d’euros en 2017, à 1,21 milliard d’euros, soit une baisse de 11 %.
La contrefaçon et la contrebande de cigarettes, qui représentaient 13,3 % des cigarettes consommées en France en 2017, ont atteint 29,4 % en 2021.
4• Quels sont les impacts de la stratégie d’augmentation des taxes sur la prévalence tabagique ?
Selon le baromètre annuel publié par Santé Publique France, 31,9 % des Français fumaient quotidiennement ou occasionnellement en 2017. En 2021, ils étaient également 31,9 % à fumer quotidiennement ou occasionnellement.
5• Pour quelles raisons les plus modestes fument-ils ?
S’il existe peu de littérature en France sur ce sujet, le Québec se penche régulièrement sur la question, en faisant un point essentiel de la lutte contre la prévalence tabagique. Un article paru en 2018 sur le site Info Tabac Canada4 résume la situation.
Les conditions de vie des pauvres seraient également peu propices à la cessation. « On a d’autres priorités que l’arrêt tabagique quand on se demande comment on arrivera à payer son loyer ou à nourrir ses enfants », explique Caroline Cejka, répondante régionale du Programme québécois d’abandon du tabagisme à la Direction de santé publique de Montréal. « On est plus attentif au message sur notre santé quand on est bien nourri, bien logé et qu’on vit sans inquiétudes majeures », renchérit Katherine Frohlich.
• Pour Romain Laroche, Directeur Général de Seita :
« Avec cette nouvelle campagne, nous constatons qu’au-delà de véhiculer des informations erronées, certaines associations semblent découvrir que les hausses de taxes, qu’elles ont pourtant toujours demandées, pénalisent les français les moins favorisés.
Si ces associations souhaitent réellement que les fumeurs réduisent ou abandonnent leur consommation de tabac, peut-être devraient-elles se pencher sur l’alternative numéro 1 à la cigarette qu’est la vape. Le Royaume-Uni a choisi cette option et cela fonctionne, puisque le taux de prévalence tabagique a chuté, en quelques années seulement, à 13 % de l’autre côté de la Manche. »