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16 Jan 2019 | Profession
 

Confrontés l’an dernier à une chute des volumes de vente de tabac aux allures d’électrochoc, les buralistes doivent désormais, avec l’aide de l’État, réinventer leur métier et se muer en « drugstores de proximité » en offrant de nouveaux services, annonce dans une seconde dépêche, signée Rebecca Frasquet, l’AFP hier soir (voir Lmdt du 15 janvier).

•• Aujourd’hui en France, quelque 24 500 débitants vivent du monopole de la vente de tabac qui génère 60 à 80% de leurs revenus, selon la Confédération des buralistes.

Or, celle-ci a reculé l’an dernier de 9,32 % à 40,23 milliards de cigarettes, une baisse historique due à une forte hausse des prix en mars – le paquet a augmenté d’un euro, pour atteindre environ huit euros – et, plus largement, d’une politique publique anti-tabac qui commence à porter ses fruits (voir Lmdt du 9 janvier).

Pour réduire la consommation de tabac qui tue 75 000 Français chaque année, le gouvernement a prévu dans le cadre de son plan Santé de porter en novembre 2020 le prix du paquet de 20 cigarettes à 10 euros, avec notamment deux hausses de 50 centimes en 2019, l’une en mars, l’autre en novembre.

•• « Certes, le paquet de tabac à 10 euros ne nous fait pas plaisir, mais il a été voté au Parlement et il y a un calendrier fiscal qui nous permet de nous adapter », affirme Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes.

Afin d’accompagner cette mue, l’État consacre 80 millions d’euros, d’ici 2021, à un « plan de transformation » qui finance jusqu’à 33 000 euros de travaux pour la rénovation de leurs points de vente(voir Lmdt du 19 décembre 2018).

Ceux qui souhaitent accueillir d’autres activités -produits de vapotage, relais-colis, conciergerie de quartier, « snacking », etc.- bénéficient d’une aide de l’État de 33 000 euros maximum, représentant sous certaines conditions jusqu’à 30% des dépenses.

Ce plan de transformation doit aller de pair avec une diversification croissante, souligne M. Coy. « Il faut modifier le disque dur du buraliste. On n’est pas morts si on bouge », dit-il.

•• En parallèle, les buralistes ont renégocié auprès de la Française des Jeux et du PMU leurs commissions tirées de la vente des jeux.

Si les jeux d’argent génèrent quelque 20 à 30 % du chiffre d’affaires en moyenne, le reste venant de la presse et du bar, les bureaux de tabac doivent offrir davantage de services de proximité, estime Philippe Coy.

Par exemple, permettre de « récupérer davantage de colis, un panier bio livré par une coopérative, un rôti commandé chez son boucher, proposer des produits locaux », comme le fait Élisabeth Marette qui vend des cigarettes et … du Saint-Nectaire.

« Je ne voulais absolument pas que mon affaire décline, alors j’ai commencé à vendre les fromages de mon gendre qui ont eu la Médaille d’or au concours agricole en 2017 et 2018 » explique à l’AFP cette buraliste établie à Beaumont, dans la banlieue de Clermont-Ferrand.

« Aujourd’hui, les bénéfices sont équivalents à ceux du PMU », et la buraliste a investi dans une armoire réfrigérée lui permettant de stocker une cinquantaine de fromages.

•• La diversification passe aussi par une professionnalisation de l’offre de cigarettes électroniques, qui doit s’accompagner de conseils : sceptiques, les buralistes ont longtemps boudé ces nouveaux produits, permettant aux boutiques spécialisées de fleurir.

Avec seulement 20 % de parts d’un marché encore marginal, mais en forte croissance qui représente 820 millions d’euros, en hausse de 21 % l’an dernier, selon une récente étude du cabinet Xerfi, ils prennent aujourd’hui le train en marche (voir Lmdt du 23 novembre 2018).

La Confédération accompagne cette mutation en proposant à ses affiliés des formations, une « hotline » où des buralistes qui ont sauté le pas conseillent les néophytes, des « tutos », etc., explique M. Coy.

Ce passage progressif d’un produit-phare, le tabac, sur lequel il touche une commission fixée par l’État, à la cigarette électronique sur laquelle il fixe librement sa marge, est commercialement intéressant pour le buraliste.