L’annonce de la vente, à partir 2024, de munitions chez les buralistes posent toujours beaucoup de questions (voir 25 novembre 2023, 3 janvier 2024).
Dans le département des Hautes-Pyrénées, les buralistes soulignent que l’information est sortie un peu prématurément.
•• Pour Thierry Arnaudin, président de la fédération des buralistes des Hautes-Pyrénées ( et membre du Conseil d’ administration de la Confédération ) « l’information a fuité un peu vite alors que rien n’est ficelé au ministère de l’Intérieur. On ne sait pas ce que l’on doit faire comme formation, comment on va vendre les munitions et quand on pourra le faire ? Quelqu’un a dit que l’on pouvait vendre des munitions dès le 1er janvier et tout le monde reprend cette information … ».
Sur le principe, Thierry Arnaudin rappelle que « c’est quelque chose qui a toujours été fait. On l’avait perdu et cela revient vers nous. On a des lieux déjà surveillés et sécurisés par les Douanes, afin de vendre des munitions en sécurité ».
•• De son côté, Jean-Marc Delcasso, président de la fédération de chasse des Hautes-Pyrénées, estime que « cela ne va pas amener grand-chose. Il ne faut pas croire qu’il y aura une grosse vente. Cela va résoudre quoi ? On est en train de nous embêter avec le Système d’Information sur les Armes (SIA), la déclaration des armes, et après, on va mettre des munitions en vente libre. Je ne vois pas ce que cela va réellement amener aux buralistes. Il va falloir pas mal investir, et je ne pense pas qu’il y ait un gros commerce là-dessus. Ce sera peut-être bien pour le gars qui habite à Aragnouet, s’il a besoin d’une boîte de cartouches, il va descendre à Lannemezan … Ou alors il faudrait rêver, avec le passage exceptionnel de migrateurs, de cailles en septembre, de palombes ou de bécasses, et le gars est dépourvu de munitions … ».
Il souligne que « l’on est en train de réactiver les gens sur le monde de la chasse. Certains vont encore dire que c’est encore une faveur faite aux chasseurs. … Je ne pense pas que c’est ça qui va faire faire fortune à nos buralistes. Le problème est ailleurs. Cela va dresser les armuriers, qui souffrent aussi, contre les buralistes. Je ne suis pas contre mais je n’y suis pas franchement favorable. Je crois qu’il y a d’autres choses à faire pour améliorer le sort des chasseurs que la vente de munitions dans les bureaux de tabac. ».
•• Un armurier implanté à Ibos estime « que c’est un cadeau empoisonné que l’on fait aux buralistes afin de compenser la nouvelle hausse du prix des cigarettes ».
Il ajoute que les armuriers, pour pouvoir vendre des munitions, doivent passer un Certificat de Qualification professionnelle (CQP) « qui coûte relativement cher alors que celui qui serait demandé aux buralistes sera moins élevé ». Il parle de concurrence et souligne que la situation des armuriers est déjà compliquée, avec des chasseurs toujours décriés et dont le nombre n’est pas vraiment à la hausse.