Présent à Montpellier pour l’assemblée générale de la Fédération des buralistes de l’Hérault-Montpellier (présidé par Jérémy Pézières, administrateur de la Confédération) le 26 novembre, Philippe Coy a dressé, dans une interview au Midi Libre, un tableau sur les évolutions du réseau. À commencer par la vente des cartouches utilisées pour la chasse (voir 26 et 27 novembre), une étape de plus dans la transformation …
Midi Libre : L’actualité immédiate, pour les buralistes, c’est la future autorisation de vendre des munitions aux chasseurs.
Philippe Coy : C’est une très bonne nouvelle pour le réseau des buralistes. Cette annonce confirme la nécessité d’avoir un commerce de proximité pour répondre aux besoins des usagers, c’est vrai pour les services publics comme pour les services marchands.
La date du 1er janvier a été annoncée, ce sera plutôt le démarrage du processus qui se mettra en place au premier trimestre 2024. Il y a de la technicité à déployer pour être opérationnel, que le buraliste soit certifié pour vendre des munitions de chasse catégorie C et D, par exemple. C’est de la politique de bon sens basée sur le volontariat des buralistes et en concertation avec les armuriers.
ML : Cela correspondait à une demande de la profession ?
Ph. C. : L’histoire est bien faite car beaucoup de buralistes de zone rurale me sollicitaient en disant qu’il y avait un vrai besoin. Le ministre de l’Intérieur a eu l’idée de rendre plus accessible ces munitions car un constat est réel, des chasseurs font parfois plus de 100 kilomètres pour s’approvisionner, stockent à leur domicile voire, achètent sur internet et se les font livrer avec les risques qui vont avec.
Gérald Darmanin a été l’artisan de la transformation chez les buralistes. Il y a toujours une logique dans l’action publique car nous sommes en recherche de développement économique, de service.
ML : Cela suffira-t-il à compenser la baisse de la vente de tabacs ?
Ph. C. : Il n’est pas de plus en plus dur de vendre du tabac, mais le constat c’est qu’un marché parallèle s’est installé depuis ces 15 dernières années. Ici dans l’Hérault ou ailleurs. Notre métier est en adaptation, évoluer ce n’est pas se renier et c’est ce que nous avons mis en place avec des financements publics.
Notre métier doit se réadapter par rapport aux usages, aux consommations, au service au public. Chez le buraliste on retrouve l’offre de paiement de proximité, le service postal, le service bancaire. Je souhaite que ce réseau de 23 300 entrepreneurs soit les drugstores du quotidien avec une adaptation à chaque territoire, en zone urbaine ou rurale.
ML : Les bureaux de tabac sont-ils nombreux à mettre la clé sous la porte ?
Ph. C. : Nous avons su être résilients. Les fermetures sont rares, liées à des départs en retraite. Ce n’est plus ce que nous avons connu par le passé avec l’effondrement du marché du tabac. Dans l’Hérault, pas moins de 26 transactions se sont réalisées l’année dernière, 10 % du réseau, cela prouve la dynamique.
ML : Vous venez présenter votre stratégie pour les buralistes. Quelles en sont les thèmes ?
Ph. C. : La conduite au changement n’est pas une chose innée. Toute adaptation amène son lot de réticences mais il faut faire bouger les lignes. On a la capacité d’accueillir de nouvelles clientèles, des commerçants innovants, c’est ça l’audace. La moyenne d’âge des professionnels a baissé de cinq ans, de 54 à 49 ans.
ML : Quel est le bilan de la mise en place des paiements de proximité des amendes qui avait marqué les esprits ?
Ph. C. : Nous sommes délégataires de ce service depuis 2019 et le bilan est éloquent : 6 millions de transactions ont été réalisées en quatre ans avec 15 000 points de contacts. On a rapproché ce service des citoyens. Cela veut dire qu’on peut être aussi des relais colis, des points d’offre postale, des distributeurs bancaires … C’est un réseau qui ne se recroqueville pas.
ML : Vous arrivez à convaincre l’ensemble des professionnels de ces évolutions permanentes ?
Ph. C. : Oui même si beaucoup de gens doutaient de ce projet de Transformation mis en place depuis 2018. Nous sommes des commerçants indépendants. 4 426 buralistes en France se sont déjà engagés dans ces transformations, 92 % ont amélioré leur rentabilité. L’objectif c’est d’atteindre le seuil des 10 000 points de vente transformés en 2027. Mais je n’oublie pas les difficultés du quotidien avec les épiceries de nuit, les trafics sur la voie publique et aux frontières.