Malgré la loi et les campagnes de rappels à la loi, les jeunes ne comprennent pas le refus de vente de tabac par les buralistes et en viennent parfois à l’insulte fleurie. Mais les buralistes d’Abbeville dans la Somme font bloc, selon Le Courrier Picard.
« Je ne vends pas de tabac aux mineurs. PS : je sais … je suis une connasse ». La pancarte, dans la vitrine du bar-tabac de Carole Israel (également vice-présidente de la fédération des buralistes de la Somme) est on ne peut plus claire. Situé près d’un lycée, l’établissement est régulièrement fréquenté par des mineurs qui tentent leur chance pour acheter un paquet de cigarettes …
•• « Je tiens ce bureau depuis 2011 » explique-t-elle au quotidien régional. « Il y a toujours eu beaucoup de sollicitation, alors je placardais une affiche sur la porte tout le mois de septembre. Après ils savaient que je ne vendais pas aux mineurs et ça s’arrêtait là. Mais depuis deux ans, je laisse la pancarte toute l’année dans la vitrine ? Car je me fais insulter de tout un tas de noms d’oiseaux au moindre refus. »
« Les jeunes ne sont plus habitués à ce qu’on leur dise non … Ils ne l’acceptent plus. C’est pour le tabac, mais aussi pour les jeux et les e-cigarettes. Sans ça, la fréquentation des mineurs est stable. Il n’y a qu’après la publicité faite sur la future interdiction des puffs que j’ai noté un afflux de curieux voulant savoir de quoi il retournait. »
•• « Ils tentent…Ce n’est pas toujours évident de définir l’âge alors on demande une pièce d’identité, ce qui les arrête souvent. Et s’ils n’en ont pas, on demande la date de naissance. S’ils cherchent, c’est bon, on a compris ! Et au moindre doute, on ne sert pas. Mais je n’ai jamais été insulté », assure un confrère, proche d’un autre lycée, assez costaud pour être dissuasif.
« Cette polémique est agaçante quand on constate qu’à côté de ça, on vend librement dans des grandes enseignes comme Gifi ou sur internet des puffs qui contiennent de la nicotine » s’insurge le buraliste. « Les jeunes peuvent se servir sans problème et le jour où ils en veulent plus, ils se procurent un paquet. C’est là-dessus qu’il faut travailler » pointe-t-il.
•• Si les buralistes ont leurs astuces pour détecter les mineurs, les jeunes aussi ont leur combine. « Quand vous voyez un majeur venir acheter trois paquets de marque différente dans la même journée, c’est pour distribuer aux plus jeunes. Une technique qu’on connaît tous, mais on ne peut rien faire », reconnaissent les buralistes.
« On échange avec les collègues et tout le monde est confronté aux mêmes problèmes. Ils essayent, davantage en ville, et il faut rester très vigilant » poursuit Carole Israel. État de fait confirmé par d’autres buralistes du centre-ville abbevillois.
(Voir aussi sur la plate-forme de la Confédération BOB / Buralistes officiellement Bienveillants : 9 mars).