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7 Fév 2023 | Profession
 

Dans la dernière parution de l’hebdomadaire La Vie économique du Sud-Ouest, Philippe Coy revient sur la signature du Protocole d’accord de 290 millions d’aides sur cinq ans (voir 20 et 18 janvier) et livre sa vision d’une profession « qui change de cap ». Extraits. 

Objectif de ces aides : accompagner la mutation des bureaux de tabac, notamment voués à assurer davantage de missions de services publics, lutter contre le marché parallèle et épauler les buralistes les plus fragiles. Un soutien nécessaire pour Philippe Coy, afin que les bureaux de tabac redeviennent, selon ses mots, des « drugstores du quotidien ».

•• Avec le recul, il est fier du chemin parcouru : « Nous sommes passés de marchands de mort à commerçants d’utilité locale », se satisfait-il, évoquant le travail de longue haleine effectué pour en arriver là. « Il a fallu d’abord convaincre de la nécessité de cette transformation : les pouvoirs publics en premier lieu et ensuite le réseau. L’évidence ne l’était pas pour beaucoup de mes collègues », avoue-t-il.

Il y a six ans, les buralistes venaient de surcroît de prendre un coup de massue avec le vote de la trajectoire fiscale fixant le coût du paquet de cigarette à 10 euros. « J’ai été de ceux qui ont lutté contre le prix excessif du tabac (par rapport à l’Europe / ndlr), à juste raison. Mais nous nous étions laissés aveuglés : nous revendiquions le tabac, qui était un business rentable, et avions abandonné notre rôle de commerçant », reconnait Philippe Coy, qui au nom de la profession porte « un projet de développement pour le réseau tout en défendant le marché du tabac ».

•• Le plan de transformation mené depuis 2018 et dont le deuxième round vient d’être lancé avec ce nouveau protocole d’accord 2023-2027, semble en effet porter ses fruits. Près de 5 000 buralistes sont d’ores et déjà̀ engagés pour bénéficier de l’aide de l’État pour leurs travaux de rénovation ou de modernisation.

Des débits de tabac peuvent désormais proposer aux Français d’y régler leurs impôts et leurs factures, de prendre un billet de train ou encore d’affranchir un courrier … : la mutation est en marche, perçue comme indispensable afin de trouver des sources de revenus complémentaires et sortir de la dépendance à la vente de cigarettes, en baisse de 13 % sur les neuf premiers mois de 2022.

En moyenne, celle-ci pèse pour 70 à 80 % dans le chiffre d’affaires d’un buraliste. L’idéal, pour Philippe Coy, serait que ce chiffre tombe à 50 % sans pour autant se priver des clients fumeurs (…)

•• « Ce projet de développement doit être mené en parallèle d’une lutte efficace contre le trafic de tabac », martèle-t-il, particulièrement mobilisé auprès du Gouvernement pour que la gravité de ce sujet soit perçue.

« Par ailleurs, dans ce nouveau protocole, il est précisé qu’ une aide sera apportée aux buralistes les plus fragiles, ceux notamment situés en milieu rural et en zone frontalière », précise également le président de la Confédération des buralistes. S’il se dit « attentif » à ces derniers, conscient des difficultés malgré les avancées, Philippe Coy se veut optimiste, notamment à la lecture des chiffres.

Il y a encore 5 ans, on comptait environ 600 fermetures de bureaux de tabac en moyenne par an. En 2022, entre 100 et 150 buralistes ont mis la clé sous la porte, et le plus souvent pour des raisons non économiques. « Nous avons stoppé l’érosion et c’est une grosse satisfaction. Et, plus encore, nous constatons que de nouveaux buralistes reprennent des établissements : il y a une hausse de 30 % des transactions ces trois dernières années et plus d’acheteurs que de vendeurs », se réjouit Philippe Coy, qui conclut avec conviction : « le métier a de l’avenir ». Photo : La Vie économique du Sud-Ouest