Logiquement, le phénomène, observé sur le marché du tabac lors du premier confinement, semble se répéter avec le durcissement des contrôles sanitaires aux frontières.
Exemple dans le Grand Est … avec ce reportage de L’Alsace.
•• « On sent l’évolution au jour le jour » constate un buraliste de Saint-Louis, le dernier avant la frontière allemande, qui a multiplié par « cinq ou six » ses ventes de tabac en mars 2020.
« Depuis le deuxième confinement, on est à fois quatre et on progresse encore depuis que l’Allemagne a classé la France à haut risque Covid » livre le professionnel qui ne se fait pas d’illusion. « Quand la crise sera terminée, ces clients-là ne reviendront peut-être pas pour le tabac mais ils auront découvert ce que l’on fait à côté (maroquinerie, réparation vélo, cordonnerie…) et reviendront peut-être pour le reste. »
•• En février dernier, 37,8 millions de grammes de tabac à rouler ont été vendus dans le Grand Est, contre 26,6 millions en février 2020, selon des chiffres British American Tobacco. « On a vu les achats se renationaliser » résume Thierry Lefebvre, président des buralistes du Haut-Rhin et administrateur de la Confédération.
C’est qu’elles sont nombreuses, les cigarettes fumées dans la région qui proviennent des pays voisins. Toujours selon BAT, « lorsque les frontières sont ouvertes, 19 millions de cigarettes fumées dans le Grand Est transitent par l’Allemagne chaque mois, 3 millions via la Suisse ».
•• Mais la crise a d’autres effets sur l’activité des buralistes, à commencer par ceux qui officient dans les centres-villes touristiques. « On prend la douche » témoigne ainsi Thierry Lefebvre, qui officie à Colmar et estime actuellement à 40 % le recul des ventes de tabac par rapport à l’avant-crise.
À Strasbourg, dans le quartier de l’Esplanade, le buraliste Hervé Regnault n’est pas touché dans les mêmes proportions et note une « légère » augmentation des ventes de tabac ces derniers jours. Mais « on n’a pas notre clientèle habituelle. Ni les étudiants, ni les gens en télétravail qui ne rentrent plus dans Strasbourg ».
•• 2020 a également vu bondir la consommation de cigarettes de contrefaçon. « Les organisations criminelles s’organisent manifestement en Europe pour abreuver le marché » analyse Vincent Zappia (BAT), chiffres à l’appui. Fin 2020, 21,2 % des cigarettes étaient, sur le marché français, issues de la contrefaçon, contre 3,4 % au début de l’année.
En Alsace, au quatrième trimestre, cette proportion s’élève, par exemple, à 26,2 % à Strasbourg et 33,2 % à Colmar. Quand Haguenau était, au troisième trimestre, la sixième ville de France pour la consommation de cigarettes de contrefaçon, avec une proportion de 43,3 %, retombée depuis à 19,9 %.