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4 Juin 2022 | Profession, Trafic
 

Près d’une cigarette sur cinq consommées aujourd’hui en France est issue de la contrefaçon – soit autant que les achats transfrontaliers – le phénomène a encore pris de l’ampleur avec la crise sanitaire selon L’Alsace

Le patron d’un tabac-presse du quartier de Dornach à Mulhouse a constaté l’intensification de cette concurrence illégale et témoigne dans le quotidien qui titre en une de son édition du 2 juin : « Tabac : la flambée des réseaux illégaux ».

•• « J’ai acquis mon fonds de commerce en mai 2016, j’ai investi 100 000 euros pour le moderniser et le sécuriser. Au début, cela fonctionnait très bien, mais mon chiffre d’affaires a chuté en novembre 2019. Mes ventes ont baissé de 5 à 10 %, sans que je comprenne pourquoi.

« J’ai prévenu les Douanes, qui m’ont expliqué que les fumeurs allaient en Allemagne pour s’approvisionner. Durant l’année 2020, les ventes ont continué de baisser. Il y a eu un petit rebond avec l’arrivée du Covid-19, mais ça n’a pas duré. Depuis le début du phénomène, j’enregistre une baisse de fréquentation de mon point de vente de 50 % ».

•• C’est finalement en discutant avec ses clients qu’il a compris ce qui se jouait non loin de son enseigne. « Ils m’ont dit qu’il y avait un peu partout sur le secteur des revendeurs illégaux. J’ai fait ma propre enquête, en constatant que personne ne bougeait. Sur l’avenue Aristide-Briand, la rue Franklin et ses rues parallèles, nombre de commerces communautaires, des bars, des épiceries, des snacks et autres sandwicheries, vendent du tabac illégalement. J’ai fait des mails et des courriers adressés au maire, au préfet du Haut-Rhin, au procureur de la République. J’ai informé la police et les Douanes, que j’ai rencontrées à plusieurs reprises. J’ai indiqué les adresses de ces commerçants. Ils sont toujours en place. Rien ne semble changer, si ce n’est que la situation de notre profession se dégrade toujours plus … »

Pour le commerçant mulhousien, qui en a fait l’expérience, ces concurrents illégaux « vendent des cigarettes aux mineurs, et même à l’unité ».

•• « Derrière, ce sont des réseaux qui recrutent des pseudos commerciaux chargés de proposer et livrer les points de ventes. Ils recrutent des jeunes chargés de revendre dans la rue, parfois même devant les débits de tabac légaux. Ils sont ouverts jusqu’à pas d’heure », raconte le buraliste qui ne peut que « constater la mise en danger de toute une profession, soumise à des règles strictes ».

« Sans avoir de chiffres précis à avancer, mais pour en avoir discuté avec des confrères, je pense que 30 à 50 % du tabac vendu à Mulhouse l’est dans les réseaux illégaux. »

Pour sa part, il dresse un bilan catastrophique : « en 2021, j’ai servi 77 000 clients de moins et vendu 66 525 paquets de cigarettes en moins. Si je fais le calcul, entre ce manque à gagner et les ventes de produits additionnels, ce sont près de 700 000 euros qui ne sont pas entrés dans les caisses. »

À suivre …