Comme si la presse découvrait seulement que certains buralistes vendent des poppers … Le Losange de février 2022 y avait consacré un dossier. Voici comment Le Journal du Dimanche, ce 19 mars, présente le sujet.
Si les jeunes de 17 ans consomment moins de cigarettes, d’alcool et de cannabis, selon la dernière enquête de l’OFDT (voir 9 mars), ils redécouvrent un produit : le poppers. Depuis 2017, sa consommation enregistre un bond de … 25 %. Plus d’un jeune de 17 ans sur dix avoue y avoir déjà goûté, ce qui en fait, après le cannabis, la substance psychoactive la plus répandue dans cette classe d’âge.
•• Longtemps associé à la communauté gay, le poppers est tendance chez les jeunes filles, plus nombreuses que les garçons (11 % contre 10,9 %) à inhaler ces petits flacons de nitrites d’alkyle aux vertus aphrodisiaques. Pour les attirer, les fabricants proposent des packagings girly et des parfums fruités.
En 2007 puis en 2011, les pouvoirs publics ont bien tenté, par décret, d’interdire ce vasodilatateur. À chaque fois, le Conseil d’État, saisi notamment par le Syndicat national des Entreprises gaies (Sneg), s’y est opposé, dénonçant « une mesure excessive et disproportionnée » au regard des risques pour le consommateur. Cette bataille juridique a contribué à faire sortir de l’ombre les petites fioles et à banaliser les usages dans les milieux hétéros branchés, mais aussi chez les ados en quête de sensations.
•• « On est passé d’un produit confidentiel, confiné à la communauté gay qui savait maîtriser sa consommation, à un produit accessible partout, un peu comme le protoxyde d’azote » analyse le directeur du Sneg, Rémi Calmon. On en trouve même dans les bureaux de tabac… »
Si le premier réseau de distribution reste les sex-shops, les buralistes ont investi le marché dès 2013, une fois assurés que la commercialisation de poppers était autorisée, selon la Confédération nationale des buralistes. Environ 3 000 établissements sur plus de 23 000 en vendent. On en trouve aussi sur Internet, et même en livraison à domicile, en commandant sur Deliveroo par exemple (…)
Pourtant, l’usage du poppers n’est pas sans risques pour la santé (problèmes cardiovasculaires, malaises, diminution de l’acuité visuelle, …) et mobilise depuis des années les autorités sanitaires et le réseau français d’Addictovigilance, qui préconisent que « des mesures de restriction de leur accès soient mises en place ». Photo : JDD