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3 Juin 2013 | Observatoire
 

A relever. Une contribution originale de Jean-Pierre Couteron (Président de la Fédération Addiction ) et de Pierre Chappard (Coordinateur du Réseau français de Réduction des Risques) parue, il y a quelques jours, sur leur blog « Un monde cent drogues » hébergé par le site du quotidien Le Monde : « En attendant la Journée mondiale sans tabac, il faut sauver les buralistes ».

Leur propos : « ces professionnels de la distribution (« de conduites addictives » entre le tabac, l’alcool et les jeux) sont exposés à une double évolution qui mériterait mieux que les rapides et contradictoires réponses qui sont parfois données ».

D’une part, font remarquer les auteurs, « dans leurs fonctions sociales et commerciales, ils sont déjà concurrencés par de nouveaux acteurs : internet et les réseaux sociaux (eux-mêmes suspectés d’effets addictifs) permettant un commerce « sans limite » et offrant le lien social des forums et autres chat ! Ces professionnels affrontent l’évolution des pratiques sociales, le changement du rapport espace public/espace privé, la montée des crises économiques et d’une violence sociale dont ils font souvent les frais, étant particulièrement exposés aux cambriolages par exemple ».

D’autre part, « les produits qu’ils distribuent sont, pour l’essentiel d’entre eux, addictifs. C’est à dire, à la fois source de dangers, de risques pour l’usager et la société, mais aussi producteurs de plaisir, solutions passagères mais combien séduisantes de nombre de nos maux ».

« Nous pouvons espérer nous séparer de certains de ces produits … Mais pouvons-nous espérer éradiquer tous ces supports « producteurs de plaisir »… Sommes nous aussi sûrs que cela du bénéfice final en terme de vie sociale ? Et quelle chance nous donnons nous d’y arriver dans une société aussi addictogène que la notre qui promeut des valeurs comme l’intensité, la vitesse, l’hyper-sensation ? »

Les auteurs posent alors une question de fond : si une complète éradication des objets de plaisir – comportant même un risque pour la santé – ressemble à une utopie, pourquoi ne pas plutôt réfléchir à leur condition d’accès et donc au rôle de ceux à qui en est déléguée la mission ?